LE FILET

Deuxième tome de Reykjavík noir – et proposant les mêmes personnages que Piégée, premier titre de la série –, ce polar a toutefois une vie autonome et se lit de façon indépendante. Les aventures de Sonja, mule malgré elle au service d’impitoyables narcotrafiquants, sont encore et toujours au cœur du suspense.
Le nouveau thriller de l’Islandaise Lilja Sigurdardóttir aborde les mêmes thèmes que le premier volume. L’ingéniosité que démontre la passeuse de cocaïne pour se sortir de situations invraisemblables est fascinante. Bien que la malchance lui colle à la peau et que la méchanceté de ses ennemis ne lui donne pas de répit, Sonja réussit à se propulser au-dessus de la mêlée, non sans difficultés. Quel sera l’ultime rebondissement dans La cage, le dernier épisode de la trilogie qui devrait sortir en 2019 ?
Dire que la vie de la jeune femme est compliquée est un euphémisme. D’autant que l’histoire se déroule sous un ciel explosif de volcans en colère, dans un pays où sévissent une crise financière et une banqueroute nationale inédites. Sonja vit par ailleurs des amours pour le moins bizarres et mensongères avec la richissime fraudeuse Agla, une ex-banquière à deux doigts de se retrouver en prison, et entretient une relation familiale aussi étrange que malsaine avec son ex-mari et leur petit garçon, victime égarée dans ces rocambolesques histoires d’adultes.
« Rêver de la banquise n’était jamais bon signe pour un Islandais. La banquise annonçait un printemps rigoureux. La banquise charriait les ours polaires. » Et des ours polaires, Sonja en rencontrera plus d’un. Dès le début du livre, des ours malveillants se manifestent en effet alors qu’elle est en vacances avec son fils Tómassur une plage de Floride. Ce qui devait arriver arrive et la mule doit reprendre sa ronde entre les aéroports d’Islande, du Danemark et d’Angleterre. Les engrenages infernaux se sont remis en marche et recommencent à la broyer.
La jeune femme doit continuer à se battre pour sortir à tout jamais de ce vilain rôle de passeuse qu’elle n’a jamais voulu jouer. « Le monde des hommes était un escalier dont les marches étaient sans cesse réagencées. Un fauteuil face à la porte symbolisait le pouvoir. Un canapé dos à la porte, la soumission ».
Dans ce deuxième tome, la couleur si particulière de la vie islandaise est cependant par trop évacuée, si bien que l’histoire pourrait avoir lieu partout et nulle part. Sauf Tómas, les personnages froids et machiavéliques de l’histoire ne nous émeuvent guère.Il est vrai qu’écrire un second roman est une rude épreuve initiatique crainte des écrivains, et le deuxième tome de Reykjavík noir semble hélas confirmer le dicton.

Enregistrement