Christine Hudon, Léon Robichaud, Jean-René Thuot et Thomas Wien ont eu l’excellente idée de réunir douze des principaux articles publiés par Christian Dessureault au cours de sa carrière d’historien.
Ils reconstituent en même temps le riche parcours scientifique d’un chercheur qui, après des études de premier cycle à l’Université du Québec à Chicoutimi, a obtenu à l’Université de Montréal une maîtrise sur le régime seigneurial canadien, en 1979, puis, à la même institution, un doctorat sur la seigneurie de Saint-Hyacinthe, en 1985. Les 49 titres recensés dans la bibliographie terminale révèlent des thématiques nombreuses, abordées dans des publications de type varié (monographies, articles de revues, ouvrages collectifs, comptes rendus, thèses…), entre 1979 et 2015.
Les douze textes de Christian Dessureault témoignent de la profondeur, de la minutie et de la prudence d’un historien très au courant des travaux passés et contemporains parus dans ses domaines d’intérêt, et ce, en français et en anglais, au pays et en Europe, où il a participé à plusieurs colloques. Christian Dessureault joint régulièrement à ses articles des figures (6), des cartes (13) et moult tableaux (85), eux-mêmes assortis d’explications qui se conjuguent aux 601 notes infrapaginales originales, souvent très longues, qui accompagnent ses productions. Le chercheur exploite toutes sortes de sources, en particulier les inventaires après décès et les recensements fédéraux, mais aussi les Journaux de la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada, les registres d’état civil, les greffes de notaires, les cadastres abrégés, les archives et monographies paroissiales, les lettres pastorales et les mandements épiscopaux, les archives judiciaires et archiépiscopales… Il tire de l’abondance des données retenues des conclusions qu’il se garde bien de présenter comme définitives ou absolues et qu’il nuance à tout coup en ajoutant sagement des « néanmoins », des « cependant », des « par contre », des « toutefois », des « par ailleurs » et tous autres « mais ».
Dans l’ensemble, Christian Dessureault s’intéresse à deux types de travaux concernant l’histoire de la société rurale du Québec aux XVIIIeet XIXesiècles. D’une part, on trouve des sujets globaux, comme l’évolution du régime seigneurial canadien, l’égalitarisme paysan dans l’ancienne société de la vallée du Saint-Laurent, la culture matérielle et le niveau de vie dans l’Amérique du Nord coloniale, les structures sociales et les élites institutionnelles rurales de la vallée laurentienne… Il y a d’autre part des travaux particuliers portant sur les liens de parenté entre l’ensemble des chefs de ménage de la paroisse de Saint-Antoine-de-Lavaltrie, l’émeute de Lachine contre la conscription du 1erjuillet 1812, la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, l’industrie et la société rurale dans la seigneurie de Saint-Hyacinthe, la milice et le cas du bataillon maskoutain entre 1808 et 1830… Dans ces écrits fortement documentés, de nombreux détails attirent l’attention du lecteur, tels l’usage des fourchettes déjà généralisé à la fin du Régime français, l’apparition de l’horloge au début du XIXesiècle, la brasserie du curé Édouard Crevier en 1839 à Saint-Hyacinthe, la nature des différents moulins paysans (à scie, à farine, à carder et à fouler, à battre…), les luttes relatives au contrôle des fabriques et à la nomination des marguilliers, les poursuites judiciaires en la matière…
En fin de compte, on voit que, tout en précisant la méthodologie utilisée, l’historien cherche à donner des sujets traités l’image la plus complète possible en s’appuyant sur des documents autorisés. Tout semble donner raison aux présentateurs de qualifier le « chantier dessureaultien » de « contribution majeure à l’effort de réinterprétation de l’évolution du monde rural de la vallée laurentienne ».
LE MONDE RURAL QUÉBÉCOIS AUX XVIIIe ET XIXe SIÈCLES
CULTURES, HIÉRARCHIES, POUVOIRS
- Fides,
- 2018,
- Montréal
432 pages
44,95 $
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