En couverture, une photographie virtuelle de Karoline Georges, intitulée Perpetual Pink, représente un visage de femme couvert de fleurs. Cette œuvre d’une artiste multidisciplinaire qui utilise la modélisation 3D évoque le lien entre le désir d’immortalité et la quête de l’image idéale.
Karoline Georges n’a pas classé son nouveau livre dans la catégorie roman et ce choix correspond parfaitement à la multidisciplinarité dont elle se réclame. De synthèse comporte une part importante d’autofiction. La narratrice, qui s’exprime à la première personne, raconte l’hospitalisation de sa mère atteinte d’un cancer en phase terminale. Or, l’écrivaine dédie ce livre à sa « maman » et la remercie d’avoir posé sa « main invisible » sur son épaule. Néanmoins, le huis clos, qui serait difficilement soutenable, est sans cesse entrecoupé par d’autres « espaces-temps ».
La fascination de l’auteure pour l’imaginaire remonte à l’enfance. À sept ans, elle dévore les romans et regarde pendant des heures la télévision.
Après avoir gagné un concours, elle devient mannequin. Sa carrière l’amenant à Paris, elle découvre la beauté féminine idéale dans les tableaux exposés dans les musées. Elle s’efforce aussi de saisir sa propre image en photographie argentique, mais ne retrouve en fait que des traits caractéristiques de ses parents.
Le présent dans lequel vit la narratrice est un futur si rapproché qu’il ne s’agira plus de science-fiction dans quelques années. En effet, il est probable que les voitures sans conducteur seront de plus en plus répandues. Il n’est pas impossible non plus que certains assistants de médecins soient bientôt remplacés par des androïdes semblables à ceux qui veillent sur la malade.
Mais l’héroïne a besoin de fuir en imagination dans un avenir lointain pour échapper à l’éprouvante réalité de la maladie de sa mère. Elle se représente habitant dans une tour dont elle ne sort presque jamais et se nourrissant exclusivement de barres protéinées.
L’ex-mannequin, qui a accepté d’être transformée par les maquillages et les vêtements que les designers lui faisaient porter, crée un avatar dont elle change l’apparence comme elle le désire. Elle réalise aussi un hologramme de sa mère à l’aide des photos où celle-ci se montre dans toute sa beauté, tentant ainsi de lui conférer une sorte d’immortalité. De synthèse révèle à la fois le talent de l’écrivaine qui raconte une histoire émouvante, tout en décrivant avec réalisme la déchéance physique, et la passion de l’artiste qui analyse l’évolution de l’image de 1970 à nos jours.
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