Pavane, comme on tourne autour d’un objet de fascination. Avec ce titre, Guylaine Massoutre signe un livre exigeant, une plongée en terrain de création.
« Ne pas savoir m’invite à nommer. Mon ignorance nourrit ma curiosité. Transmettre quelque chose de la danse : ce savoir initial, pourtant, d’avant les mots. » Les quatre parties qui forment le livre évoquent mystère, apparences, quête de sens ; elles constituent une exploration en profondeur de la portée significative de la danse. Le lecteur est entraîné au cœur d’une réflexion pointue sur le lien entre danse et écriture, sur le transfert qui s’opère du danseur au spectateur. Voir danser et s’émouvoir. Danser de l’intérieur. Se laisser emplir, porté par le geste et la trace, sans chercher à intellectualiser, à percer le secret des danseurs.
On avance en territoire incertain, déraisonnable, au sens où l’on accepte l’absence de raison. On est dans l’intuition et l’impression. Le livre demande agilité et patience. La danse, comme l’écriture, enracine en soi et dans le monde. Massoutre met bien en lumière ces attaches d’un lieu à un autre, qui nous habitent. Le réel, la scène, comme deux pans d’un même monde.
À travers les pages, la danse comme l’écriture deviennent batailles, avec leurs allées et venues, leurs essais et erreurs, leurs tentatives ; elles sont l’amorce d’une relation à l’autre. « Chercher la vérité des acrobaties périlleuses ou faire parler des tourbillons ? » Chercher, en effet, creuser ce qui peut se traduire au péril de nos corps, de nos vies ? La réflexion surgit du noir, du mouvement ; une lueur venue de nulle part, organique et recherchée, qui fait avancer malgré tout. Massoutre traduit le geste, met en lumière le vivant, le désir. Elle montre cet état d’attention et d’ouverture à l’autre. Se révèle une dualité entre geste, peut-être élan, et immobilité.
L’observation de la danse rappelle le primitif, un lieu mouvant qui invite à la découverte. La précision du regard de Massoutre trace un chemin et pourtant, le texte, par moments, s’opacifie. Le propos prend la forme de ces boucles dansées, difficiles à saisir. On se surprend à revenir sur certains passages. L’auteure annonce la couleur à la toute première page : « Plus je m’entretiens de danse, moins je pense la rendre visible et la redéployer, mais plus elle exige de moi que je sois précise ». Et pareille au geste dansé qui ne se présente qu’une fois sous nos yeux et qui nous laisse une sorte de code à déchiffrer, l’impression générale que le livre offre, le mystère de la danse, nous enveloppe entièrement.
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