Sylvie Drapeau est surtout connue comme comédienne. Elle s’avère également une écrivaine très douée, comme elle le démontre de façon éloquente dans cet ouvrage autobiographique, le troisième volet d’une tétralogie.
En s’adressant directement à son frère Richard, l’auteure nous fait découvrir le tragique destin de sa famille. Une famille au père autoritaire et intransigeant, comme c’était souvent le cas à l’époque, et qui élevait ses enfants « sous un régime de terreur ». Et une famille dont la mère se montrait plutôt portée vers les arts. Le père amenait ses filles à la chasse tandis que son plus jeune fils préférait demeurer auprès de sa mère, discutant des heures avec elle, dans son atelier de peinture.C’était après un premier et cruel malheur, la noyade de l’aîné, Roch, sous les yeux des siens.
Une fois établis dans la grande ville, les louveteaux de « la meute » sont frappés de plein fouet par une triste nouvelle : leur mère est décédée. Ils prennent le chemin de leur Côte-Nord originelle pour aller l’enterrer. Après le retour dans la métropole, les choses ne sont plus les mêmes, en particulier pour le cadet, Richard. Ses études piétinent et il sombre petit à petit dans la maladie mentale. Il n’est plus le même. Au point qu’il finit par entrer en crise et mettre le feu à son appartement. On le jette en prison, où il se fait agresser et se mutile, au grand désarroi de ses proches. Il aurait besoin de soins immédiats, mais on refuse d’écouter ses sœurs, qui plaident pour lui. Richard, maigre à en faire peur, croupit donc en prison dans des conditions déplorables. Ses sœurs, lors des visites, pleurent comme des Madeleine derrière la vitre qui les sépare. Et elles sont bouleversées par ses yeux. Des « yeux mauvais […] des yeux d’assassin, des yeux injectés de haine ». Libéré, il est toutefois prisonnier de ses visions et de sa maladie.
Dans L’enfer, Sylvie Drapeau sait trouver les mots justes pour faire partager les sentiments d’impuissance et d’affolement ressentis par la famille de Richard. Elle réussit également à faire comprendre l’ambivalence qui les habite entre lassitude et culpabilité. Et, malgré tout, elle arrive à trouver le moyen, et la force, de conclure sur une note d’espoir. Bravo !
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