Que pouvait-on ajouter sur Starmaniaque l’on ne savait déjà ?
Peut-être plusieurs choses. C’est du moins le pari qu’a tenté de relever François Alquier dans L’aventure Starmania. Il y raconte la genèse de l’opéra-rock Starmania,l’idée originelle, la création du spectacle puis ses différentes versions. Ouvrage luxueux publié en France à l’intention d’un lectorat européen, L’aventure Starmaniaévoque l’idée de départ, vite abandonnée, calquée sur les déboires de Patricia Hearst, la fille rebelle d’un multimillionnaire californien. Fort heureusement, l’intrigue initiale a bifurqué pour devenir le premier spectacle musical en France sur une musique rock, après Circociel, du Québécois François Guy, mettant en vedette Céline Lomez et Louise Portal. L’initiateur de Starmania, Michel Berger (1947-1992), voulait que le projet ressemble davantage à Hairou à Tommyplutôt que de s’inscrire dans la tradition française du style Big Bazar de Michel Fugain, déjà très populaire mais trop gentil et candide ; le compositeur désirait créer des chansons de rock en français, des chansons qui frappent et qui remuent.
On apprend beaucoup sur les différentes moutures et les tournées successives qui ont occasionné des changements fréquents d’interprètes, dont la liste a momentanément inclus Diane Dufresne, Isabelle Boulay, Gilles Valiquette, mais aussi la mégastar Daniel Balavoine (1952-1986). Il est intéressant de suivre les versions étrangères, comme Tycoon, son adaptation anglaise, dans lequel la fameuse chanson « Le blues du businessman » était interprétée par la voix puissante de Tom Jones. De nombreuses photos montrent la plupart des artistes ayant contribué à cette aventure scénique, ce qui permet d’avoir une idée de l’évolution du spectacle. Les versions traduites de Starmaniaréaffirment la force de la musique de Michel Berger, car même si on ne comprend plus les paroles, les mélodies restent efficaces et inoubliables. D’innombrables anecdotes sont racontées : par exemple, une vedette du spectacle, la charmante chanteuse Wenta, reçue à l’Élysée par le président Mitterrand pour un dîner officiel, redoutait les avances du vieux séducteur, mais elle s’en tira indemne. Cependant, un événement tragique marqua cette épopée : la mort subite et prématurée de Michel Berger, en 1992, quelques heures après une partie de tennis.
François Alquier connaît peu le contexte québécois lorsqu’il affirme, à propos de Nanette Workman, que « sa carrière au Québec n’est pas encore lancée ». En vérité, Nanette était déjà une vedette pop depuis 1968 avec sa reprise du succès « Fleurs d’amour, fleurs d’amitié » (avec Tony Roman) puis de « Danser Danser », en 1975 ; elle devint la reine du disco-funk du Québec avec son adaptation en français du tube « Lady Marmelade », deux ans avant Starmania, cette immense réunion de créateurs des arts de la scène dans la francophonie.
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