En quelque 500 pages, l’historien Pierre Anctil présente l’Histoire des Juifs du Québec, et plus particulièrement, puisqu’ils y sont très majoritairement installés, l’histoire des Juifs de Montréal.
S’appuyant sur une riche documentation, l’essai parle des « personnes d’origine juive dans la société québécoise en tant que porteurs d’une identité et d’une culture minoritaire ». Le sujet passionne Anctil, qui s’intéresse à l’évolution historique des communautés juives et qui, doit-on le rappeler, parle couramment le yiddish et l’hébreu. En 2015, l’auteur a par ailleurs reçu le Prix d’excellence Louis-Rosenberg de l’Association d’études juives canadiennes.
Les premiers Juifs seraient arrivés au Québec sous le Régime français : « […] c’est de la communauté sépharade bordelaise qu’est venue l’évanescente présence juive en Amérique septentrionale ». En fonction des pogroms et autres horreurs commises au fil des temps, dont la Shoah demeure le point culminant, déferlent à Montréal siècle après siècle les Sépharades de la Méditerranée et les Ashkénazes de l’Europe de l’Est, dont font partie les très pieux hassidim.
Anctil revient sur les éléments historiques de cette immigration et décrit sans complaisance son accueil souvent mitigé. De 1627 à aujourd’hui, l’auteur raconte le déroulement de ces arrivées successives. Il en détaille les moments forts, à partir de la création du sionisme, de la déferlante des préjugés racistes de l’Église catholique et du chanoine Lionel Groulx, de l’antisémitisme d’Adrien Arcand, du refoulement en 1939 du paquebot Saint Louis et de ses passagers désespérés, de la Deuxième Guerre mondiale et des atrocités hitlériennes, jusqu’à la création et à l’actuelle tension entre les deux jeunes États que sont la Palestine et Israël. Sans oublier l’impact qu’ont eu la Révolution tranquille, la quête d’indépendance du Québec et l’arrivée massive des Sépharades francophones.
Anctil conclut « qu’il y a un judaïsme québécois et montréalais distinct de tous les autres en Amérique du Nord, et [que] cette originalité émerge avec force du récit historique lui-même ». Il est en effet possible d’être juif et québécois, ce qui, comme c’est le cas d’autres minorités qui sont arrivées plus récemment, ne peut que profiter à toute la communauté.
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