Depuis le temps qu’il observe la conduite du monde et qu’il coule, complice de l’instant, des jours lents à en consigner les manifestions les plus évidentes comme les plus discrètes, Patrice Desbiens est sans nul doute devenu l’ultime mémorialiste de la quotidienneté.
Avec des mots simples et un phrasé souple naviguant à vue entre bebop et cool jazz, la poésie de Desbiens, sous ses airs de comptines pour grands enfants délurés, amuse, (d)étonne et, au détour, laisse songeur autant qu’elle émeut.
Sous un ciel couleur cayenne, son plus récent livre, poursuit l’aventure amorcée au début des années 1970 par le poète franco-ontarien qui y interroge à nouveau les thèmes de l’identité, de l’amour et du temps qui passe. La poésie elle-même est prise à témoin, mise en abyme, comme dans ce « Poème patriotique » où l’auteur – sarcastique ou désolé, on ne saurait le dire – parle autant de lui-même que de la façon dont nous habitons l’époque : « L’idée d’un poète / cherche / l’idée d’un poème / en traversant / l’idée d’un pays ». Desbiens nous attrape à son jeu, lui dont le regard et les mots révèlent souvent bien davantage ce à côté de quoi ils se posent que ce qu’ils semblent mettre en lumière. Veut-il parler d’amour, qu’il n’en parle pas vraiment et donne à réfléchir à bien des choses en somme : « Je m’allonge en songe / sur la chaise longue / de la nuit // Je compte les nuages / qui te / ressemblent ».
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