C’est un livre important que nous propose La Mèche en éditant un grand nombre des billets que Julie Boulanger et Amélie Paquet ont publié sur leur blogue Le bal des absentes.
D’abord parce que l’édition en livre de ces textes leur promet une longévité plus grande (même quand le contenu reste en ligne, les billets de blogues sont souvent tributaires de leur actualité), mais aussi parce qu’en les lisant sous cette nouvelle forme, le lecteur peut vraiment prendre l’ampleur des lignes de force qui se dégagent de ce travail.
La première de ces lignes de force concerne le principal objectif de cette entreprise : mettre en valeur des textes d’écrivaines, témoigner de leur intégration dans un corpus d’enseignement et s’interroger quant à cette difficulté persistante d’assurer une représentation équitable des œuvres féminines. Une large part du contenu du livre consiste donc à présenter des œuvres (de Gabrielle Roy, Sylvia Plath, Anaïs Barbeau-Lavalette et de nombreuses autres) que l’une ou l’autre des enseignantes aura mis au programme dans les dernières années. En plus d’offrir une analyse sommaire des œuvres, les auteures mettent en lumière les possibilités pédagogiques offertes par ces textes, mais aussi les défis que leur enseignement peut représenter.
Et c’est en cela que se dégage une deuxième ligne de force qui, au fil de la lecture, m’aura semblé encore plus importante. Plus qu’un essai sur la diversification des corpus, Le bal des absentes est un essai sur la pédagogie non pas dans ses méthodes, mais dans son éthique. Comment pouvons-nous faire un pas de plus dans l’acceptation des différences qui se déploient en classe ? Comment pouvons-nous recevoir la parole de nos étudiants dans sa complexité ? Comment gérer un débat en classe sur des valeurs qui nous sont si chères que nous risquerions d’en perdre nos moyens ? Sur toutes ces questions et bien d’autres encore, l’essai de Julie Boulanger et Amélie Paquet fait réfléchir. Pour ma part, j’estime qu’il a changé en profondeur certaines de mes attitudes par rapport aux étudiants. Les deux pédagogues réussissent à considérer les gens assis devant elles comme des êtres autonomes, sans jamais les traiter avec condescendance. C’est donc dire que cette volonté de faire entendre des voix diverses dans les corpus se traduit par une volonté réelle d’entendre les voix diverses qui peuplent la classe.
Cette ouverture, elle s’accomplit aussi grâce à une approche véritablement réflexive qui permet aux deux auteures de s’interroger sur leur rapport à la connaissance, mais aussi de constater les lacunes de leur propre corpus (la quasi-absence de femmes racisées dans leur corpus, par exemple).
Si les écrivaines qu’il présente sont inspirantes, c’est finalement surtout par sa position sur l’enseignement que cet ouvrage m’est apparu incontournable. À mettre entre les mains de tous ceux qui enseigneront à la rentrée.
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