Entre Christina, jeune vingtenaire très adolescente, et Marie-Ange, cuisinière haïtienne, le fossé est grand : la culture, l’âge, le milieu de vie.
Et pourtant, la passion est au rendez-vous et c’est elle qui est le point de départ de ce roman qui met en scène un amour difficile et une séparation qui le sera encore plus.
Dans son cinquième ouvrage, Emilie Andrewes nous ouvre le quotidien d’un couple qui se fait et se défait. L’accent est finalement moins mis sur ce qui sépare ces femmes que sur ce qui les fait ressembler à d’autres couples : jalousie, rythmes incompatibles, moments tendres, affection sincère, peur de vieillir, vengeance, etc. Autour d’elles gravitent le fils handicapé intellectuel de Marie-Ange, les parents egocentrés de Christina, les amis de la première, les employeurs de la seconde, et chacune des vignettes qui forment leur histoire ne se rattache pas nécessairement à une trame secrète. Les gens sont là : ils sont malades, ils sont infidèles, ils sont alcooliques, ils sont homophobes et, tout comme dans la vie, ils ne semblent pas être sur la route des deux femmes pour des raisons hautement symboliques, mais simplement parce que nos chemins, en général, sont pavés de rencontres diverses.
Malheureusement, ce pari de l’ordinaire – qui est fort intéressant – n’arrive pas à happer le lecteur et c’est peut-être parce qu’il s’additionne à une trame tragique (gestes radicaux, incendies volontaires, départs intempestifs, etc.). Le choc entre les deux tonalités, nécessairement voulu par l’auteure, déstabilise mais finit aussi par nous perdre. Le lyrisme des dialogues semble en rupture constante avec le quotidien des situations et l’effet d’étrangeté agace plus qu’il ne charme. La multiplication des personnages secondaires complique aussi par moments la compréhension des échanges et l’intérêt s’émousse, particulièrement dans les sections où les dialogues se multiplient.
Pourtant, la trame regorge de thèmes riches et plusieurs procédés sont porteurs. Il y a quelque chose de cinématographique dans la façon dont la narration, d’abord centrée sur Christina, ensuite sur le couple, suivra Marie-Ange au moment de la séparation. Mais ces personnages plutôt antipathiques, assez étourdissants dans leur instabilité et leurs nombreux déplacements, finissent par voyager sans nous.
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