La très belle couverture de Complots à la cour des papes illustre élégamment les trois novellas de l’écrivain Hans-Jürgen Greif. Représentant un détail d’une des fresques du Siennois Ambrogio Lorenzetti dites Les effets du bon et du mauvais gouvernement, elle appuie la thèse du professeur émérite en littératures allemande et française, retraité de l’Université Laval. Cet Allemand d’origine a consacré son quinzième ouvrage de fiction aux abus de pouvoir exercés par la papauté à la Renaissance.
Greif a choisi des conspirations « qui ont eu pour objectif la mort d’un pape ou celle de son ennemi » pour étayer son propos : « Jamais la soif du pouvoir, la cupidité, l’égoïsme des princes n’ont triomphé aussi insolemment ». Les complots ont eu lieu entre le XIVe et la fin du XVIe siècle, soit du début de la Renaissance italienne à l’apogée de cette bouillonnante époque qui se termine avec l’émergence à Rome de la Contre-Réforme et du Baroque, en réponse à la Réforme protestante amorcée par Martin Luther.
Anagni, près de Rome, 1303. Dans « Le couteau sur la gorge », le pape et bienheureux Benoît XI raconte la triste fin de son prédécesseur, Boniface VIII. Menant une lutte féroce à Philippe IV dit le Bel pour la suprématie de l’Église, le pape se serait laissé mourir de honte après avoir été chassé de Rome, puis giflé par un envoyé du roi de France. « Aucun homme élevé comme moi dans la dignité et l’honneur ne survit à une telle vexation. »
Florence 1478. Le cardinal Raffaele Riario, parent du pape Sixte IV, est le narrateur du texte « Le serpent et le pouvoir », qui relate la conspiration d’assassinat de certains membres influents de la famille de’ Medici. Accusé de participation au complot, Riario est emprisonné, spolié, mais pardonné. Il « eut la joie de voir accéder au trône son petit-cousin […] qui prit le nom de Jules II » et avec lui, déployer « sa passion pour le développement des arts ».
Rome 1517. Don Severo Varini était proche des cardinaux qui ont tramé pour faire éliminer Léon X, un autre de’ Medici, et il en rapporte les événements dans « Orgueil et cupidité ». Le pape était un autre grand protecteur des arts, mais fort dépensier, il eut recours à la vente d’indulgences pour refaire sa fortune. Il s’attira les foudres de ceux qui, comme Luther et Calvin, dénonçaient ce triste commerce. Ainsi conclut Varini : « Je vais quitter Rome pour quelque temps. Je veux entendre Luther ».
Plusieurs fois lauréat du Prix de création littéraire Bibliothèque de Québec-Salon international du livre de Québec, l’érudit professeur Greif possède bien ses sujets. Son écriture est précise, sa narration, riche. Les férus d’histoire et fervents de la Renaissance apprécieront sa rigueur, mais devant l’abondance de détails et le chassé-croisé d’informations, les lecteurs peu au fait de cette fascinante période pourraient mal s’y reconnaître.
COMPLOTS À LA COUR DES PAPES
- L’instant même,
- 2016,
- Québec
249 pages
19,95 $
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