Totalement irrévérencieux, cet Assassin qui rêvait d’une place au paradis. Pour qui ne voyait de la Suède que son côté austère, Jonas Jonasson dément la rumeur avec un troisième roman, impertinent à souhait. L’auteur ne s’inscrit pas dans la rectitude politique, et ses personnages ressemblent davantage aux « bougons » québécois qu’aux bourgeois torturés de Bergman.
Dédé le Meurtrier est cet assassin rêveur qu’une pasteure défroquée et un jeune fainéant sans le sou accompagnent dans sa quête de faveurs divines. Le parcours du héros sera bien évidemment parsemé d’embûches et il ne lui sera pas facile de changer son statut de tueur à gages pour celui de prédicateur itinérant, même avec de l’aide. « Une meilleure solution aurait été de laisser ces ahuris écouter la musique de leur choix. Mais, bon, avec Julio Iglesias, on avait franchi les limites autorisées. »
Beaucoup d’alcool coulera, plusieurs représentants de la petite pègre suédoise mourront de manière pas toujours élégante, le support inusité qu’offriront des garde-corps suspects et un sacristain véreux compliquera les relations de l’improbable trio, pendant que de nombreux extraits de la Bible seront cités à tort et à travers. Ne dit-on pas que les voies du Seigneur sont impénétrables ? « Tandis que Dédé le Meurtrier se versait une rasade du calice, un brouhaha s’éleva des bancs. […] – À Jésus-Christ ! […] Plus de sept cents des huit cents personnes dans l’église l’imitèrent. La majorité fut immédiatement pompette. »
S’il est vrai que les rites religieux de Dédé le Meurtrier – devenu entre-temps le titulaire de l’Église d’André – laissent à désirer, on ne peut douter de la qualité de son repentir et de sa piété qui lui font empocher le plus d’argent possible afin de le remettre en dons spectaculaires aux plus démunis. Pas toute la somme, bien entendu, il faut quand même assurer ses arrières, ce à quoi l’aident ses deux amis à la moralité plus que douteuse.
Originaire de Växjö, une des villes les plus vertes d’Europe située au sud de la Suède, Jonasson avait déjà séduit la planète avec son premier roman, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, en lui offrant une bouffée d’air frais, dans un style s’apparentant à celui de Frédéric Dard dans sa truculente série policière écrite sous le pseudonyme de San Antonio. L’auteur a aussitôt connu le succès et plus de dix millions d’exemplaires du livre ont été traduits et vendus dans une quarantaine de pays.
Rigolo, rafraîchissant, à l’humour cinglant et totalement dépourvu de prétention, L’assassin qui rêvait d’une place au paradis est un pur divertissement.
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