Bien sûr, dans ce nouvel ouvrage de Gilles Archambault, on reconnaît le ton particulier, confidentiel, de sa « voix ». Une démarche de chat est un essai écrit sous la forme d’une lettre adressée à la fille d’une femme qu’il a, des années plus tôt, « aimée à en perdre la tête ». Cette lettre est rédigée alors que le narrateur-auteur séjourne dans la résidence secondaire de cette femme qu’il a tant aimée, tandis qu’elle est en voyage. Il y prend soin d’un chat qu’elle a récemment adopté.
À Ariane, cette auteure à ses débuts qui supporte mal de ne pas être reconnue, il décrit son métier d’écrivain. Pourtant, il avoue se sentir lui-même débutant. Parmi les conseils qu’il prodigue, il en est un qui retient particulièrement l’attention : « Je ne saurais employer les mots qui te rassureraient. Ils n’existent pas. Puisque tu as choisi une voie étroite, celle du dénuement, puisque tu ne joues pas, puisque tu t’offres comme cible aux coups qui viendront, habitue-toi à ne rien espérer ». Par ailleurs, il recommande de ne pas accorder trop d’importance à la renommée, au lectorat, à l’acclamation populaire. L’important est le geste d’un éditeur qui accepte de publier un manuscrit. Geste pour lequel il faut avoir de la reconnaissance. Il faut également, bien sûr, se montrer reconnaissant envers les lecteurs, mais ne pas les avoir en tête au moment d’écrire. C’est à eux de venir à la rencontre de l’écrivain, pas l’inverse. De ses lecteurs, également, il dit espérer qu’ils soient, à l’occasion, « retenus par une phrase, une page dont [il] serai[t] l’auteur ». Justement, certaines images d’Une démarche de chat, sont particulièrement bien ciselées. Par exemple, il évoque « [l]’époque où [il a] taquiné le bonheur ». Ailleurs, il lance : « Une âme, certains êtres en ont pour deux ».
Gilles Archambault, en somme, trace le portrait de ce qu’est pour lui son métier. Il témoigne de ce qu’est la vie d’écrivain à ses yeux. D’où, sans doute, la qualification d’« essai » pour cet ouvrage. Il faudrait probablement compléter le sous-titre ainsi : Notes sur une façon de vivre et d’écrire. On a l’impression que l’« homme plein d’enfance » présente ici son testament d’écrivain. Espérons que ce n’est pas dans l’intention de ranger sa plume.