Le nom de Pierre Perrault (1927-1999) est inconnu de beaucoup de cinéphiles ; pourtant, c’est le cinéaste québécois (et même canadien) auquel on a consacré le plus grand nombre de livres et de thèses. De nombreux colloques ont porté sur son œuvre. Il a été, avec Claude Jutra, Michel Brault et Norman McLaren, le réalisateur le plus influent et le plus innovateur de tout le Canada.
Le livre que nous propose Simone Suchet s’apparente à une autobiographie, laissant pratiquement toute la parole au cinéaste volubile : il s’entretient de son enfance à Montréal, de son goût pour le sport, de ses premiers emplois à la radio puis de sa découverte du cinéma documentaire. On apprécie surtout dans cette succession de souvenirs et d’anecdotes la conception si particulière du cinéma de Pierre Perrault, qui refusait l’étiquette de « documentariste » et préférait parler de « cinéma du vécu ». Chacun de ses tournages était une aventure épique, un périple, un moment privilégié qu’il nous raconte généreusement ici, comme il l’avait fait à mi-parcours avec Léo Bonneville dans la revue Séquences en 1983.
Dans son ouvrage, Simone Suchet reconfirme que Pierre Perrault « réécrivait toujours les entretiens qu’il accordait » car, selon lui, la parole ne pouvait jamais traduire intégralement toutes les nuances de sa pensée. Cependant, et c’est ce qui distingue ces entretiens de Simone Suchet des précédents, Pierre Perrault n’a pas eu le temps de les réviser ; nous avons donc ici la parole intacte du cinéaste-écrivain.
Sans jamais avoir recours à cette expression sociologique, tous les films de Pierre Perrault convergent néanmoins autour du thème central de l’identité collective, constamment interrogée, selon la perspective d’un francophone qui se sent l’héritier d’un patrimoine ancestral venu de France mais en même temps authentiquement québécois et empreint d’Amérique : « Je me sens solidaire du peuple acadien comme je me sens solidaire des Franco-Manitobains et de tous les francophones hors Québec ».
Capable de reconnaissance, par exemple lorsqu’il évoque son ami Hauris Lalancette, présent dans les quatre films de son cycle abitibien, Pierre Perrault parlera d’un « personnage qui continue à [l]’éblouir ».
Ce beau portrait du cinéaste devrait nous inciter à revoir ses films dont plusieurs sont disponibles en ligne et en accès gratuit sur le site de l’ONF, et préalables (ou concomitants) à la lecture de ce livre indispensable.
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