L’Ontario a été la troisième province canadienne à interdire le français dans ses écoles, à partir de 1912. Cette pratique de l’interdiction du français a aussi été légalisée en Louisiane en 1916 et par la suite dans le Maine. Cette politique assimilatrice du gouvernement de l’Ontario était appelée « Règlement 17 ». Cent ans après les faits, Le siècle du Règlement 17, Regards sur une crise scolaire et nationale examine les conséquences de cette décision qui avait soulevé l’indignation des Canadiens français et entraîné l’acculturation de milliers de francophones. Dans une série d’études et de portraits, dix-sept universitaires de l’Ontario et du Québec identifient quelques défenseurs de la cause du français et mettent en évidence une poignée de représentants de l’élite anglo-saxonne qui s’opposaient à cette interdiction en demandant plus de tolérance. Les contributions les plus intéressantes sont celles qui fouillent les mentalités de l’époque ayant conduit les autorités à prendre cette décision ; des formes peu subtiles de colonialisme réapparaissaient clairement, tandis que d’autres faiseurs d’opinion comme le quotidien Toronto Daily Star applaudissaient l’interdiction du français en raison de leurs craintes de voir disparaître la langue anglaise de l’Ontario !
Dans le texte le plus révélateur, le chercheur Jack Cécillon décrit clairement l’assimilation de milliers de francophones ayant eu lieu dans le sud-ouest de l’Ontario, dans des villes comme London, Windsor et même Détroit au Michigan, là où vivait autrefois une vaste population descendante des pionniers de la Nouvelle-France ; en citant un rapport daté de 1940, Jack Cécillon explique comment cette population francophone et bilingue, forcée à être éduquée en anglais durant des générations, a progressivement oublié sa langue maternelle, au travail et à la maison.
Les dimensions culturelles sont aussi présentées, par exemple dans le roman Obéissance ou résistance (Bellarmin, 1986) de Paul-François Sylvestre, ou encore dans deux pièces de théâtre évoquant cette crise : La parole et la loi (une œuvre collective créée en 1979) et Jeanne (non publiée), écrite en 1984 par Daniel Chartrand. Mince consolation, plusieurs auteurs voient dans ce tournant historique un moment fondateur de l’identité franco-ontarienne, comparable à la déportation des Acadiens de la Nouvelle-Écosse en 1755, et auquel on fera référence lors de la bataille pour préserver le dernier hôpital bilingue (l’Hôpital Montfort), à Ottawa.
ESPACE PUBLICITAIRE
DERNIERS NUMÉROS
DERNIERS COMMENTAIRES DE LECTURE
Loading...