La nuit du violoncelliste, quatrième livre de Bernard Lévy, s’inscrit dans une catégorie inédite : « romans accélérés ». En jetant un coup d’œil à la table des matières, le lecteur constate que le livre comporte dix textes, comme un recueil de nouvelles, mais en tournant les pages, il remarque que ceux-ci sont découpés en chapitres comme un roman. Le mot accéléré rappelle le cinéma, où le réalisateur peut modifier à sa guise la vitesse à laquelle se déroulent les événements. Le lecteur en sait assez pour entrer sans plus tarder dans la lecture de « La fanfare », premier roman accéléré. Le narrateur à la deuxième personne du singulier imagine qu’il se trouve dans le train qu’il a regardé passer. Les personnages apparaissent sans égard à la logique, comme dans un rêve. Un saltimbanque entre dans la cabine en jouant du tambour. Des chevaux cherchent à battre de vitesse le train comme dans un western. Marceline se présente ensuite et tombe sur-le-champ amoureuse du narrateur. Et celui-ci de constater : « Quel cinéma, tout de même, cette histoire avec Marceline ! » Il se voit ensuite en président qui doit prononcer un discours. Or, ce texte n’est autre que celui d’un « vieil écrivain surréaliste » qui écrit « des romans accélérés ». Ainsi les dix chapitres de ce premier roman accéléré suffisent-ils à faire comprendre les intentions de l’auteur.
Alors que la thématique du précédent ouvrage de Bernard Lévy était le sport, celle de ce nouveau livre est la musique, que l’auteur connaît en amateur éclairé. Outre le violoncelle du roman accéléré éponyme, plusieurs instruments sont convoqués : le violon dans « Nicanor », la clarinette dans « Taritito », le piano dans « Porté à l’écran », entre autres. Aussi, les arts visuels n’ont évidemment pas de secret pour l’auteur, directeur de la revue Vie des arts. Le livre est d’ailleurs illustré par ses dessins. Le texte intitulé « La symphonie déconcertante », qui réunit ces deux formes d’art, m’a fait rire aux larmes. La critique de la vie contemporaine est présente comme un accompagnement de la main gauche et le style est travaillé comme une partition. Quiconque aime les situations extravagantes et l’humour des romans de Boris Vian prendra beaucoup de plaisir à la lecture de La nuit du violoncelliste.
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