L’essayiste est professeure agrégée au Département de langues romanes de l’Université Saint-Thomas de Frédéricton. Son ouvrage1 s’emploie à éclairer la dimension passionnelle de l’autobiographie de Gabrielle Roy, La détresse et l’enchantement, principale pièce du corpus, au moyen de la méthode de lecture critique issue de la sémiotique des passions inaugurée par Algirdas J. Greimas.
Par sa grille d’analyse, son propos d’initié, son lexique spécialisé et sa bibliographie imposante, cet essai de facture savante s’adresse à un lectorat restreint. Dès l’avant-propos, l’universitaire dit destiner son ouvrage « aux exégètes de l’œuvre de Gabrielle Roy désireux de se lancer dans une archéologie du sujet autobiographique, [autant] qu’aux chercheurs et théoriciens du discours littéraire qu’intéresse une méthodologie sémiotique révisée ». Aussi vaut-il mieux suivre le tracé de sa plume pour présenter le contenu de son œuvre à la lisibilité réduite pour qui n’est pas initié.
Dans une étude rigoureuse qui « vise à explorer le pouvoir codant du registre passionnel chez Gabrielle Roy », l’auteure consacre un premier chapitre à « l’approfondissement des présupposés qui guideront l’analyse » ; un deuxième où elle « aborde le passionnel sous l’angle de la narrativité à partir de la configuration modale propre à La détresse et l’enchantement, selon les étapes séquentielles du schéma pathémique canonique, mis au point par A. J. Greimas et Jacques Fontanille » ; le troisième, « [c]onsacré aux problèmes de la figurativité, de la perception et de l’esthésis, […] divulgue la manière dont La détresse et l’enchantement répond discursivement à la culpabilité ». Enfin, le dernier chapitre « se consacre à la troisième composante pathémique du tissu discursif, soit l’énonciation énoncée, redéfinie dans l’optique de l’appareil formel de l’énonciation. La remontée vers le sujet passionnel, évoquée en termes théoriques au premier chapitre, y trouve son aboutissement ».
L’analyse de Cécilia W. Francis « offre un nouvel éclairage sur l’inhérente cyclothymie royenne, à la racine du tiraillement affectif opposant la ‘détresse’ à l’‘enchantement’ », peut-on lire en quatrième de couverture.
1. Cécilia W. Francis, Gabrielle Roy, autobiographe, Subjectivité, passions et discours, PUL, Québec, 2006, 425 p. ; 49 $