J’avais été touchée par la série de poèmes de Thomas Mainguy, « Les ciels minuscules », qui lui avait fait remporter le prix Radio-Canada en 2012. Ces textes déployaient un univers de contemplation et de réflexion, où se mêlaient les temps et les espaces de façon tout allusive. Il y était question d’imperceptibles mouvements de pensée, de déplacements de lumières.
Son premier recueil, publié au Lézard amoureux, est de la même eau. L’auteur y reprend les textes gagnants – légèrement modifiés, semble-t-il – à l’intérieur d’un ensemble où la nature prend toute la place. C’est une poésie assez classique, peu traversée par son époque, cherchant la transcendance par l’évocation de cette nature ou d’autres éléments atemporels, « éclat d’un monde plus vieux que l’humain », telle la pierre. Les choses y forment des ponts que le poète se plaît à rendre visibles à travers le langage. Nous sommes dans un lieu, et ailleurs par la pensée, par exemple dans un lointain passé où « les servantes vécurent ». La conscience du poète se promène sur cette frontière entre deux lieux, deux moments, à la limite de l’un et de l’autre, en équilibre.
Ailleurs, l’au-delà, un mystère, une image évanouie dans un miroir ou « des êtres aussi transparents / que le ciel minuscule d’un souvenir perdu » émergent le temps d’une impression. Ces instants d’éternité, dirait-on, Mainguy les déplie comme une carte pour, peut-être, trouver le chemin hors de la marche du temps et de la mort. Ou bien créer un espace de rencontre entre un soi connu et une part isolée de lui-même, dont il aurait perdu la clé. On l’accompagne ainsi en témoin silencieux, comme ce chien fidèle, plusieurs fois évoqué dans le livre, que le poète compare avec tendresse « au vieil engin qu’on laisse tourner pour éviter la panne ».
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