Les îles du fleuve Saint-Laurent nous fascineront toujours, peut-être parce qu’en soi, l’insularité représente une sorte d’exotisme lointain, alors que le fleuve semble au contraire si près de nous. Critique de livres, auteur (pensons à son excellent guide 100 romans québécois qu’il faut lire, Nota bene, 1994) et en outre dessinateur, Jacques Martineau a exploré cinq de ces archipels : les îles de Berthier, situées juste au nord des îles de Sorel, les îles du Pot à l’Eau-de-Vie et les Pèlerins, la région de la Grosse-Île et de l’Isle-aux-Grues, les îles côtoyant le Bic et enfin la Minganie. L’ouvrage comprend une cinquantaine d’aquarelles et de croquis produits par l’auteur, représentant des paysages, des maisonnettes aux toits rougeâtres, des fleurs et des oiseaux de différentes espèces.
D’emblée, Jacques Martineau parle de ces « îles où s’exprime en partie l’âme de notre fleuve » et les compare poétiquement à « des corbeilles de verdure ». Chacun des archipels est illustré brièvement, en quelques dessins. On apprécie particulièrement le rendu des bâtiments anciens et des maisons de la Grosse-Île. Puis on visite des lieux inconnus, puisque aucun débarquement n’y est autorisé : les îles du Pot à l’Eau-de-vie et les Pèlerins, à la hauteur de Kamouraska. Les aquarelles de Jacques Martineau permettent d’apprécier de loin un phare et une passerelle. Moins fréquentées, les îles de Mingan (dont les îles du Fantôme et au Marteau) offrent au regard du dessinateur des phares oubliés et de magnifiques monolithes géants en forme de pâtisseries : « meringues, choux à la crème, mille-feuilles, religieuses ».
Ce Carnet d’archipels ne prétend pas fournir de leçons d’histoire exhaustives. Mais il évoque fidèlement les beautés de ces lieux isolés. Dessinateur précis, Jacques Martineau fait preuve d’un excellent coup de crayon. Quiconque a visité ces îles reconnaîtra dans ces dessins colorés la même architecture d’un autre temps, les couleurs parfois flamboyantes, la faune et la flore (parmi les fleurs : la gesse maritime, la campanule à feuilles rondes, l’orpin rose), les paysages côtiers avec cette proximité de l’eau et des rivages. Le lecteur appréciera d’avoir accès à certaines îles inconnues ou difficilement accessibles. On regrette seulement la brièveté de ce beau petit livre qui ne contient pas de carte localisant ces archipels ; mais on se consolera en le regardant de nouveau.
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