Le dernier grand périple de Pierre Perrault, disparu dans la nuit du 23 au 24 juin dernier, est raconté dans Le mal du nord (Prix du Gouverneur général 1999), étonnant carnet de voyage relatant un parcours assez inhabituel : une odyssée de plusieurs semaines sur un brise-glace à travers la Terre de Baffin et l’Île d’Ellesmere, le grand Nord canadien. Dans le style qui lui est propre, Pierre Perrault raconte les étapes de ce voyage, qui a donné lieu à une émission de radio (à Radio-Canada) et fait l’objet des films L’Oumigmatique ou l’objectif documentaire en 1993 et Cornouailles en 1994, deux documentaires qui ont donné naissance à un livre publié à l’Hexagone en 1995. Le récit que nous livre Pierre Perrault mélange les anecdotes du quotidien aux impressions du grand voyageur, faisant référence à Jacques Cartier, mais aussi à des personnages mythiques ou encore à Éric Le Rouge (au moment de longer le Groenland). Les descriptions du Nord canadien sont impressionnantes et parfois enchanteresses. On découvre aussi, presque à chaque page, et pour une rare fois, plusieurs mentions directes à Yolande Simard, celle qui fut sa compagne et inspiratrice toute sa vie. Par contre, il est étonnant et attristant de lire une si brève mention à propos de Michel Brault, présenté comme « le caméraman de Pour la suite du monde », alors que, dès 1961, il en était le coréalisateur et le parrain (et aussi du long métrage L’Acadie, l’Acadie !, le meilleur film sur le bilinguisme canadien jamais tourné), à l’époque où, contrairement à Michel Brault, Pierre Perrault n’était pas encore à l’emploi de l’Office national du film (ONF) !
Les productions en hommage à Pierre Perrault ont débuté il y a quelques mois avec le beau coffret de cassettes vidéo de l’ONF, qui a repris la série de douze courts métrages (réalisés par René Bonnière) intitulée Au pays de Neufve-France, à laquelle Pierre Perrault avait collaboré à titre de recherchiste et de narrateur entre 1959 et 1960. Ces films méconnus, les premiers auxquels Pierre Perrault a participé, donnent un bon aperçu du cheminement du cinéaste en près de 40 ans. De plus,Pierre Perrault, cinéaste-poète paraissait à l’Hexagone, un hommage qui comprend des textes savants de tous les auteurs ayant un jour écrit sur l’œuvre cinématographique et littéraire de Pierre Perrault. À ces textes s’ajoutent quelques témoignages touchants de Maurice Chaillot et de Stéphane-Albert Boulais, qui ont chacun participé à deux films de Pierre Perrault et qui saluent respectueusement l’ami. En outre, Paul Warren a le mérite d’avoir établi une bibliographie sélective de l’œuvre (écrite et filmée) de Pierre Perrault et une filmographie définitive du cinéaste.
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