Le Cirque du Soleil, Robert Lepage, Céline Dion, Marie Chouinard, Jean-Paul Riopelle, Charles Taylor, Arcade Fire, Yann Martel, Michel Tremblay, Denis Côté, etc. ; la liste est longue d’artistes et d’intellectuels québécois qui ont percé hors des frontières du Québec, qui sont reconnus sur la scène mondiale et qui participent au déploiement de la culture québécoise dans le monde. Ce constat impose une question générale: comment s’insère le Québec dans l’universel, comment sa culture est-elle en mesure d’intégrer un univers mondialisé, à la fois dans le sens d’y appartenir et de s’en servir à ses propres fins? Dans Culture québécoise et valeurs universelles, essai issu d’un colloque ayant rassemblé des chercheurs universitaires d’Amérique du Nord et d’Europe, Yvan Lamonde et Jonathan Livernois cherchent à comprendre la place du Québec à travers sa culture. Si cet essai s’adresse principalement aux universitaires et demande des connaissances dans tous les domaines des sciences humaines, il permet néanmoins de bien saisir les dynamiques à l’œuvre dans la culture contemporaine (l’axe dominant des études), notamment dans le domaine littéraire, qui occupe la part la plus importante de la réflexion, et possiblement la plus réussie.
L’ouvrage est composé de vingt-sept articles, répartis en cinq sections, plus un texte programmatique de Georges Leroux qui place avec à-propos les balises de la réflexion. Sans être en mesure de rendre justice à la richesse du propos, je signale néanmoins quelques réussites, celles, dans la première section, de Hans-Jürgen Lüsebrink, d’Ursula Mathis-Moser et de Józef Kwaterko, qui présentent des objets d’étude pertinents, bien traités et souvent originaux. La deuxième partie de l’essai met en évidence la pensée de Fernand Dumont, qui est prise à bras-le-corps par beaucoup de collaborateurs, comme si la question de la spécificité et de l’universalité québécoises n’était pensable que par ce détour. L’intérêt pour Dumont est valable et approprié, mais dans ce contexte, il semble démesuré. Même s’il y a de bons articles dans les trois dernières sections (Jolicœur, Bories-Sawala, Boisclair, Saint-Matin), de trop nombreux textes pèchent par excès de généralités, par un usage trop fréquent de la nomenclature ou par un cadre trop ou mal balisé, ce qui rend la lecture de l’ouvrage fastidieux par moments. Néanmoins, il y a dans cet essai des idées intéressantes sur la conciliation entre le local, le national et le global, dans la mesure où les expériences les plus stimulantes concernent les enjeux des hybridations discursives et sociales effectuées au Québec.