Le lien qui existe entre un lecteur et ses livres est des plus intéressants à analyser. Dans le cas d’un romancier, cette relation est d’autant plus importante qu’elle le confronte aux créations de ses pairs. C’est précisément cette relation que Charles Dantzig explore dans cet ouvrage à travers une série de d’observations sur l’univers du livre où il tente, ultimement, de trouver réponse à la question « pourquoi lire ? »
Il faut dire que le livre est un objet hautement symbolique. Son invention ‘ qu’il ne faut pas confondre avec celle de l’imprimerie ‘ remonte à la nuit des temps et il n’y a pas une époque qui n’ait connu son lot de faux prophètes pour prédire à tort sa disparition. Au fil des pages de Pourquoi lire ?, l’auteur décline les raisons qui font en sorte qu’ouvrir un livre est une expérience des plus extraordinaires et il propose une réflexion autour de chacune d’elles. En présentant ses lectures préférées (tout autant que les auteurs qu’il abhorre), il nous fait part de ses pérégrinations intellectuelles à propos du livre, celui que l’on achète ou que l’on emprunte à un ami, celui imprimé sur du papier journal de mauvaise qualité ou celui que l’on désigne sous l’appellation de beau livre.
Bref, voilà un ouvrage qui réunit des idées et des analyses aussi disparates que divertissantes à propos du livre, de la lecture et de tous les plaisirs qui en découlent. Puisque l’auteur aborde une grande variété de sujets et énonce ses pensées sans vraiment s’imposer de ligne directrice autre que le thème du livre, il est normal que certains passages soient d’un ennui à faire sauter des paragraphes au grand complet. Si cet essai contient son lot de passages amusants ou intéressants, il ne possède pas la profondeur d’Une histoire de la lecture d’Alberto Manguel, ni le lyrisme du superbe Sur la lecture de Marcel Proust.
Malgré tout, certains passages risquent de marquer durablement le lecteur. Comme celui où Dantzig affirme que « lire ne sert à rien. C’est bien pour cela que c’est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien. Quand on pense qu’on peut réussir une carrière dans le CAC 40 [indice boursier] sans avoir rien lu de sa vie ! C’est pourquoi il faut être gentil envers les puissants qui lisent. Ils pourraient faire autre chose ». Divertissant.