L’auteur de cet étonnant journal, qui n’est « pas Jack Kérouac », dit cependant d’emblée : « Jack est mon semblable. Il a vécu avec le sentiment que les salopards, à Washington, à Moscou, Paris, Londres ou Shanghai, dans toutes les Bourses du monde, étaient en train de nous sucer la cervelle, de manigancer des technologies diaboliques pour remplacer nos neurones par quelques puces électroniques ». Le règne de l’aliénation est, ainsi, vilipendé grâce à une « amitié posthume » entre Jean-Paul Loubes et un grand écrivain américain décédé en 1969. L’auteur de cet ouvrage a en effet parcouru, en tant qu’Européen, le pays et la culture ‘ l’« américanité » ‘ spécifiques de Kérouac. C’est dire qu’il a plus que vu la pierre tombale de Jack au cimetière Edson de Lowell (Massachusetts).
C’est grâce à une invitation de Jean Morisset à se rendre dans le Maine ‘ en passant par le Québec ‘ afin de célébrer Kérouac par la poésie que le présent ouvrage est né. Le but de cette grande voyagerie sera de découvrir, de redécouvrir plutôt, le territoire « réel » de l’Amérique : celui médiatisé par la culture littéraire, une littérature qui nous fait accéder à l’« humain », à un « cosmos » porteur de significations. Et, bien entendu, l’œuvre de Jack Kérouac se situe au centre de cet univers. Elle sera revisitée dans le lieu de sa création, des circonstances d’une inventivité qui nous habite, nous concerne toujours On revoit ainsi Kérouac en explorant notre identité aux multiples sources, celles, entre autres, qui définissent la « francophonie américaine » ; les artistes « franco-américains » seront donc mis à rude contribution !
Toute une équipée ‘ Jean Morisset, Christian Morissonneau, Dean Louder, Eric Waddell et l’auteur de ce livre ‘ refait créativement un parcours culturel bien ancré dans la tradition américaine qui va de Walt Whitman, Henry David Thoreau en passant par Jack Kérouac, Allen Ginsberg, William Burroughs, Gary Snyder et Lawrence Ferlinghetti. Un journal, riche à tous les niveaux – et doublé d’un fascinant récit –, nous est proposé comme « géopoétique » d’une époque, nous invitant à lire ou à relire Kérouac. Tout cela sans oublier les descriptions décapantes de l’Amérique (la société étatsunienne) de notre ère, en plus des intéressantes considérations sur l’histoire du Québec et son identité reliées au parcours plus ou moins erratique de Jack Kérouac, à sa vie brisée.