Plutôt autobiographie que roman, l’histoire de la narratrice-protagoniste Marguerite du Figuier sur le toit se confond avec la vie de l’auteure Marguerite Andersen. Toutes deux âgées de 84 ans et d’origine allemande, les Marguerite sont nées près de Berlin et passaient les beaux étés de leur enfance sur la mer Baltique. Elles ont toutes deux émigré au Canada dans les années 1950. Une longue vie, faite d’univers et de paysages variés.
Dans le titre de ce livre ‘ plein de références personnelles, finement documenté et d’une écriture alerte ‘, on entend bien sûr une métaphore, celle d’un arbre venu d’ailleurs et replanté à Toronto, auquel l’écrivaine s’identifie. « Elle l’a mis dans un vieux tonneau sur le toit de l’immeuble et cet arbrisseau encore chétif a maintenant l’air de vouloir produire une toute petite figue avant la venue de l’horrible hiver. » La professeure de littérature et d’études féministes veut combattre le démon de ses origines qui la tourmente depuis longtemps. « D’où venez-vous ? » simple question qu’on lui pose sans arrière-pensée vraiment, mais qui la met mal à l’aise. « Elle ne réussit pas à dominer le vertige quand elle entend cette question [ ] qui la plonge pour la énième fois dans le tumulte des années 1933 à 1945. » Elle remonte le fil de ses souvenirs, répondant sûrement avec beaucoup d’honnêteté, même si l’exercice semble parfois douloureux.
Habitant l’Allemagne jusqu’en 1943, Marguerite est témoin de la montée du nazisme et du piège infernal qui se referme peu à peu sur les Juifs. Membre de la Jeunesse hitlérienne, elle voit surgir la guerre et connaît les bombardements et l’exode. Avec courage, elle affronte les fantômes familiaux et la pensée antisémite de son grand-père maternel, imminent savant et professeur de théologie protestante. « J’aurais voulu prouver qu’aucun membre de ma famille ne participa aux crimes commis. Cela n’a pas été possible. »
Auteure d’une quinzaine de romans et d’essais, Marguerite Andersen est éditrice de Virages, la revue de la nouvelle en Ontario français et préside l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français.