Qu’est-ce qu’un roman ? Si vous affirmez que c’est un livre, vous ne possédez qu’une partie de la réponse. Qu’est-ce qu’un livre alors ? C’est bien ce que Thomas Wharton tente de définir dans son œuvre conceptuelle Logogryphe. Titre évocateur puisque, comme son homonyme logogriphe (énigme où l’on donne à deviner plusieurs mots avec les mêmes lettres), le volume force le lecteur à rassembler diverses pièces d’un casse-tête.
L’histoire commence avec une mystérieuse famille des Rocheuses canadiennes qui, un jour, légua l’amour de la lecture à un jeune enfant égaré. À partir de ce moment, sa vie prend une allure de quête : découvrir le livre idéal. Voguant de rêves en aventures, le narrateur guide son lecteur vers les procédés d’appréciation des livres selon différentes cultures. De l’apparition du papier à la trouvaille de la reliure, les livres n’ont jamais cessé d’intéresser les peuples. Leur pouvoir imaginatif inspire un air d’entière liberté. À toutes les époques, sur tous les continents, les livres transportent et transmettent. Et c’est ce que notre explorateur désire. Devenu écrivain, c’est à son tour de perpétuer l’évasion. Au milieu d’une écriture parsemée d’histoires, il a logé sa création. Créature évanescente nichée dans les pages des livres, le logogryphe n’est apercevable que par les réels lecteurs, ceux qui désirent plus que comprendre le livre, mais bien le concevoir.
Originalement écrit en anglais, le roman n’a rien perdu de sa densité à la traduction. Le contexte s’applique à toutes les langues du monde. Le plaisir de la lecture est d’un vocabulaire universel et Thomas Wharton l’a très bien écrit. Quiconque s’identifie à l’aventure, se reconnaît dans la lecture et s’approprie l’écriture mérite de vivre le livre. Comme quoi le bouquin idéal existe dans les yeux, la tête et le cœur de son lecteur.