Les historiens militaires décomposent la guerre des temps modernes en quatre générations. La première reposait sur les combats d’armées équipées de mousquets ou de fusils à pierre, illustrée par les guerres napoléoniennes. La deuxième génération vint avec la puissance de feu que permit la révolution industrielle, la ligne Maginot représentant l’apogée de ce moment. Vint ensuite la génération qui alliait innovation tactique et efficacité logistique, tel le Blitzkrieg. Quant à la quatrième génération (« G4G »), qui se développe au XXIe siècle, il n’est plus question de guerres entre États, mais entre une armée aux moyens démesurés, les « Forts », et une guérilla, les « Faibles ».
Toutefois, contrairement aux guerres des trois générations précédentes, la G4G est caractérisée par l’absence d’affrontement direct, qui serait inévitablement à l’avantage des Forts. La stratégie des Faibles consiste en fait à se concentrer sur des actions de contournement de la puissance de frappe de l’ennemi. C’est ainsi que les Faibles organisent des actions ciblées, peu coûteuses et à l’effet dévastateur dans le but de harceler l’adversaire, de l’épuiser, avec pour objectif non pas tant de tuer les soldats ennemis que de terroriser les survivants. Pour soutenir leurs activités, les insurgés ont mis sur pied des cellules autonomes, flexibles et innovantes, qui ont parfaitement intégré les théories contemporaines en gestion pour leur organisation ainsi que celles en communication pour la propagande et le recrutement.
Pour illustrer leur propos, les auteurs analysent la situation en Irak, où l’armée étatsunienne, cette formidable machine de guerre entraînée pour des campagnes rapides et massives où la victoire est remportée principalement grâce à la disproportion des moyens engagés, se trouve dans une posture pire que la défaite, à savoir celle de la non-victoire.
Les auteurs, spécialistes en matière de défense, décrivent et analysent les changements majeurs qui sont en train de survenir dans la façon de faire la guerre. Un essai percutant qui permet de constater que les milliards investis dans l’armement et la technologie ne peuvent à eux seuls arrêter une guérilla qui, contrairement aux armées occidentales, sait s’adapter.