« Il n’est campagne que de Châtenay », écrivait Jean Paulhan à Valery Larbaud. En ce début des années 1930, la commune rurale de Châtenay-Malabry représentait une oasis de verdure et d’air pur à seulement dix kilomètres de Paris. Séduit par les jardins, les champs et les pépinières qui y jouxtent de cossues demeures, Jean Paulhan s’y est installé en 1932 et y a rempli, de 1935 à 1941, la fonction de conseiller municipal. Comment interpréter cette initiative de la part du directeur de La N.R.F., qui affirmait rien n’entendre à la politique ? Était-ce une parenthèse à ses activités accaparantes de directeur littéraire ou la manifestation d’un sincère engagement citoyen ? Voilà le mystère auquel s’attaque Marcel Parent dans Paulhan citoyen.
Ce livre est le treizième cahier de la « Série Jean Paulhan ». Marcel Parent, agrégé de lettres modernes et retraité de l’Éducation nationale, a été maire adjoint de Châtenay-Malabry. C’est à ce titre qu’il s’est intéressé à l’engagement municipal de Paulhan. Parent, en effet, s’il est l’auteur d’une dizaine de livres, dont une biographie du maquisard et Compagnon de la Libération Georges Guingouin, n’avait rien d’un spécialiste de l’œuvre paulhanienne, comme il l’explique au début de son livre. Il a dû s’y plonger pour mener à bien son enquête. Dans la première partie du livre, Parent dresse un compte rendu minutieux des présences de Paulhan en conseil municipal, étayé sur des extraits de correspondance et des documents d’archives. Cette partie de l’ouvrage risque de n’intéresser que les inconditionnels de Paulhan ou les mordus d’histoire régionale. La partie suivante, en revanche, ratisse plus large. Parent y documente le rôle d’agent culturel de Paulhan, surtout comme créateur du « Cercle Voltaire-Anatole France ». Paulhan inaugura une série de conférences en invitant à Châtenay-Malabry son ami écrivain Marc Bernard en décembre 1935 pour y parler de Gorki.
Paulhan citoyen est un ouvrage qui vaut dans le contexte des travaux récents sur la vie et l’œuvre de Jean Paulhan, et comme complément aux sept volumes d’œuvres complètes en préparation à la collection « Blanche » de Gallimard.