La fadeur sans équivoque.
Écrit avec la précision et dans le même format que le manuel d’entretien de l’automobile Passat Volkswagen 2005 (cinq cents pages réparties en cinq parties), Deux vies étonne par sa fadeur qui finit par plaire entre la centième et la deux centième page.
Deux vies, celle d’une juive allemande, Henny Gerda Caro, et celle d’un Indien, Shanti Behari Seth.
Deux vies vues par leur petit-neveu et auteur Vikram Seth.
Deux vies, deux ombres nées en 1908 et traversant le XXe siècle, témoins-acteurs de la Seconde Guerre mondiale, sont observées, étudiées, décrites par cet auteur petit-neveu avec une précision presque facétieuse. Ainsi, non seulement son roman reproduit-il des dizaines de lettres entre ses divers personnages et plus encore, il étudie même l’écriture de ceux-ci : « Elle écrit en caractère gothique, d’une écriture fortement penchée. Ses a et ses o restent souvent détachés, à la merci des éléments, et elle ne barre jamais ses t ».
Rien ou si peu n’est suggéré ou laissé à l’imaginaire. D’où l’impression réussie de fadeur, un peu comme la saveur de la chair de la citrouille.
Nous entrons au quatrième chapitre dans une vie amoureuse tiède dans laquelle « Shanti et Henny ne manifestaient pas d’affection l’un pour l’autre en public. Ils ne s’embrassaient pas, ne se tenaient pas la main, ne s’asseyaient pas l’un à coté de l’autre ».
Le Washington Post dit de cette œuvre que « [l]es admirateurs de Seth trouveront là de quoi combler leurs espoirs et leurs attentes ». Et les autres ?
Ce roman est la fadeur sans équivoque. Par sa lecture, il s’agit de laisser cette saveur toucher doucement votre esprit, elle qui n’est ni piquante ou sucrée, salée ou acidulée mais un peu tous ces goûts à la fois. Attention, un dosage excessif de cette lecture peut occasionner la nausée.