Edward Glyver débute sa confession en nous relatant la mort rapide mais néanmoins cruelle de Lucas Trendle, un pauvre homme qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. En effet, pour Glyver, le meurtre de Trendle n’était, en somme, qu’un test, une expérience destinée à l’assurer de sa capacité à assassiner un autre homme, Phoebus Rainsford Daunt, son ennemi juré.
Le récit de Michael Cox nous transporte dans l’Angleterre du XIXe siècle, au cœur d’une histoire d’amour, d’origines mystérieuses et, surtout, de grandes trahisons. Dès ses jeunes années, Edward Glyver est l’objet de la perfidie d’un compagnon, Phoebus Rainsford Daunt. Évincé du collège d’Eton, il nourrira pour celui qui est à l’origine de son renvoi une haine qui ne fera que s’accroître avec le temps car le destin, semble-t-il, s’acharne à mettre sur son chemin cet homme qui lui ravira non seulement son avenir mais aussi celle qu’il aime et bien davantage encore…
Des bordels de Londres à la majestueuse demeure du 25e baron Tansor, Edward Glyver poursuit son chemin, tortueux, vers son but ultime : la reconnaissance de ses origines. « Quelles sombres créatures habitaient les profondeurs invisibles sous mes pieds ? À quel rivage allais-je accoster ? Ou bien était-ce mon destin que d’être ainsi tiré et poussé sans répit, tantôt d’un côté tantôt de l’autre, par les vents et les courants du hasard ? » C’est avec intérêt que l’on assiste aux événements et aux rencontres qui scelleront à jamais le sort du jeune homme. Spoliation, duplicité, vengeance inexorablement, la vie de Glyver suit son cours, un cours qui semble compromis dès le départ par la constance de forces arbitraires et injustes qui mèneront à leur perte des personnages tiraillés par leurs ambitions. La nuit de l’infamie aurait tout aussi bien pu s’intituler « L’art de la dissimulation », car il constitue un véritable traité de la duplicité.
Habilement construit, ce pavé de plus de 600 pages fera les délices des amateurs de littérature victorienne !