Ce recueil de poésie est véritablement un « bricolage », un « assemblage », dirait André Breton, relativement gratuit de fragments tirés d’extraits, de découpages de titres du journal Le Devoir. Yves Laroche a pu ainsi créer des associations libres avec des mots de tous les jours, transfigurés par l’imagination poétique, par un collage « impressionniste » projetant un horizon à interpréter qui possède, cependant, déjà du sens…
Mais quel « sens », exactement, cette recréation langagière a-t-elle ? N’est-ce pas trop fortuit ou trop fortement ancré dans la solitude de l’acte poétique ? On lit dans la postface : « Quand je fais des collages, je laisse dans une certaine mesure ‘l’initiative aux mots’ (Mallarmé) cueillis dans le journal, je leur demande de me sortir de mes habitudes langagières, de me proposer des images et des rythmes que je n’aurais pas inventés autrement […], je vise […] à cristalliser, par petites touches de mots, de couleur et de lumière, quelque chose d’intime […], j’essaie de composer le ‘vitrail de mon âme’ ». Ce sera aux lecteurs et lectrices de trouver ainsi les significations qui lui conviennent dans cette poésie excessivement intimiste.