Le flocon de neige tombant du nuage est unique, comme l’homme à travers les autres hommes. Il est blancheur et pureté. Mais sitôt qu’il a touché terre, sa couleur diffère. Le recueil de poésie de Carolyn Marie Souaid nous présente ainsi deux réalités : celle d’être blanc et celle d’être autochtone.
Ce qui frappe d’abord, c’est le bel îlot de glace, qui flotte seul sur l’eau bleutée de la page couverture. Les flèches de nuages qui planent au-dessus semblent indiquer le chemin de la sérénité.
Dans cet esprit paisible, on entre dans l’œuvre. Nous apparaît sitôt, en noir et blanc, la photo d’un crâne d’animal, chevreuil ou élan, le museau décharné pointé vers le ciel. Sur la page suivante, le titre du premier poème : « Le problème d’être mort ». C’est à la fois déstabilisant, intrigant, glacial et efficace.
On découvre, à la lecture des premiers vers, la force de l’image choisie, qui suggère que la vie ne soit pas qu’un état que l’on accepte passivement, mais une responsabilité que l’on se doit d’assumer hardiment, pour exister sur terre autrement que comme un mort en vie.
Par contre, la chance d’avoir les moyens de profiter de chaque jour n’est pas donnée également à tous. La violence, l’alcoolisme, le viol, le suicide sont autant de drames qui se vivent au sein des peuples autochtones, et qui enlèvent à des hommes, des femmes, des enfants, le courage, l’espoir, le bonheur de l’existence.
C’est de tout cela que nous parle ce recueil de poésie, un univers féminin de tendresse et de dureté, de sang et de neige, d’amour et de crainte, d’allers et de retours, une longue et lente recherche de la signification de l’existence.
Trouver, comprendre, et surtout occuper l’espace que l’on occupe sur terre, avec appétit et fierté.
Fuir l’ennui, manger, boire, aimer selon ses goûts, ses envies, ses passions, là où bon il semble, au moment où le plaisir et l’urgence d’être vivant le commandent.