« Avec le temps, va, tout s’en va / On oublie le visage et l’on oublie la voix / Le cœur quand ça bat plus, c’est pas la peine d’aller / Chercher plus loin, faut laisser faire et c’est très bien. » C’est autour de cette magnifique chanson de Léo Ferré, intitulée « Avec le temps », que Marie Gagnier bâtit son quatrième roman : Tout s’en va.
L’œuvre regroupe une dizaine de personnages qui ont l’impression que tout les quitte. Que ce soit Mortimer et sa santé mentale en cavale, dangereusement perché en haut du pont Laviolette, ou le jeune Magoo qui fuit une famille vouée à l’échec, ou même la pauvre Claire, impuissante devant son mari qui la quitte un peu plus chaque jour pour de plus verts pâturages. Tout s’en va.
Ce n’est pourtant pas la seule chose qui les unit, et c’est ce qui fait la force du roman. En effet, des liens se tissent lentement entre les personnages, à mesure que l’intrigue se découvre. Mais attention ! Ce n’est pas un suspens digne d’un roman policier. Basée sur les émotions, les hauts et les bas de l’existence, cette intrigue s’éclaircit doucement, délicatement.
L’œuvre est un cri d’espoir – ou de désespoir – envers tout ce qui s’en va dans la vie, tout ce que nous voudrions retenir, mais qui nous échappe : les amours, les enfants, les rêves, le courage… Léo Ferré disait : « Avec le temps, va, tout s’en va / On oublie les passions et l’on oublie les voix / Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens ». Et Marie Gagnier, dans son roman Tout s’en va, le dit encore mieux.