Ouvrage indispensable pour les historiens et les chercheurs en études cinématographiques, cette Chronologie du cinéma au Québec retrace une multitude d’événements liés à l’histoire du cinéma, depuis ses débuts en 1894 jusqu’à nos jours. Ce livre est unique, sans équivalent, et comble un besoin, car les datations des films étaient souvent approximatives, en raison d’une hésitation constante entre le moment du tournage et la date de sortie. Ainsi, apprend-on que le mélodrame La petite Aurore l’enfant martyre est projeté pour la première fois en avril 1952 et que la même année, Alfred Hitchcock tourne à Québec son long métrage I Confess (La Loi du silence), qui sortira le 13 février 1953. On signale la venue au Lac-Saint-Jean du célèbre acteur Jean Gabin, qui tournera en 1934 une adaptation de Maria Chapdelaine, sous la direction du réalisateur français Julien Duvivier. Datation encore plus difficile pour le long métrage À Tout prendre de Claude Jutra, tourné entre 1961 et 1963, mais dont la première a lieu en 1963 lors du Festival du cinéma canadien, suivie un an plus tard d’une sortie commerciale.
Ce livre important ne se résume pas à une succession de dates ; les auteurs synthétisent par tranches de dix ans les événements de chaque période : l’avènement de l’Office national du film, le rôle des « Majors » sur le territoire canadien, la vie des salles. On touche également à l’ouverture de Radio-Canada, en 1952, mais aussi à des événements dans les régions : les premières télédiffusions d’émissions politiques locales du futur chef créditiste Réal Caouette en 1957. On y traite des festivals, des prix remportés, des décisions politiques touchant l’industrie du cinéma, mais – heureusement ! – peu des états d’âme de nos célébrités.
Cette Chronologie du cinéma au Québec 1894-2004 servira principalement aux historiens du cinéma et aux étudiants en histoire de la culture québécoise. Les auteurs ont réussi un ouvrage de référence incontournable que l’on devra trouver dans toutes les bibliothèques publiques. Des précisions pourront être apportées lors des éditions subséquentes : on lit par exemple que Fernandel est venu à Québec et à Sherbrooke pour y inaugurer des salles en 1948, mais on n’indique pas les dates exactes. Je déplore seulement de ne pas trouver au fur et à mesure dans le livre les sources précises de toutes les données (archives, journaux, fonds photographiques). Mais on suppose que la collecte s’est effectuée au fil des ans, par un dépouillement assidu des principaux quotidiens. Ce travail méticuleux mérite d’être pleinement reconnu.