Classique du roman d’aventures, L’île au trésor (1883) est offert à des prix très variables chez une multitude d’éditeurs, y compris La Pléiade, et quelquefois dans des versions abrégées, et même chez Walt Disney. La récente traduction par Patrick Ravella se veut intégrale. Sauf une brève préface du traducteur, cette nouvelle édition ne comporte pas de notes explicatives.
Parangon du genre, ce roman à rebondissements raconte les périples du jeune Jim Hawkins, qui fait la connaissance à l’auberge de ses parents d’un mystérieux visiteur : le vieux marin Billy Bones. Malgré son jeune âge, Hawkins est entraîné dans un long voyage vers une île – mystérieuse, évidemment – au cours duquel il risquera maintes fois sa vie face aux pirates, tous à la recherche d’un immense trésor. Au retour, le châtelain Trelawney incitera le fils du tenancier à raconter ses aventures.
Comparée aux précédentes traductions, celle de Patrick Ravella évite le passé simple pour privilégier l’imparfait, ce qui, à mon avis, enlève à la beauté de la narration. Ainsi, dans le premier chapitre, à la place de cette traduction : « Tout d’abord nous pensâmes que c’était le manque de compagnons de son genre qui lui faisait poser cette question, mais à la fin nous nous aperçûmes qu’il voulait en fait les éviter », on peut lire : « Au début, nous pensions qu’il posait la question par nostalgie de ses semblables; mais nous avons fini par comprendre qu’il préférait les éviter ».
L’un des dilemmes de tout traducteur demeure l’adaptation de l’argot et du parler populaire d’un contexte culturel à un autre. Mais ici, les lecteurs non français seront sans doute choqués de lire dans un récit situé au XVIIIe siècle un commentaire très parisien et tout à fait contemporain, du style : « J’avoue que pour moi c’est quasi kif-kif mon pote ». Je crois qu’il faut absolument lire L’île au trésor, mais le lecteur éventuel aura heureusement le choix entre une vingtaine d’éditions, en ayant soin de s’assurer qu’il s’agit bien d’une version intégrale.