Traître meurtrier ou héros ? La mort du légendaire Louis Riel fascine encore d’autant plus que « le gouvernement [du Canada] n’était pas tenu de le faire exécuter ». Les vives discussions entourant sa condamnation en 1885 demeurent d’actualité. L’auteur J. M. Bumsted précise : « Ce Canada [de l’Ouest] devait être unilingue et uniculturel ». « Il ne fallait pas que les Canadiens français s’y rendent en trop grand nombre. » Prophétique ou opportuniste, Honoré Mercier affirme en 1886 que « la mort de Riel mènera inexorablement à l’élection d’un gouvernement [ ] qui se voue à la défense de l’autonomie québécoise ».
Louis Riel est le seul Canadien à jamais avoir été accusé de haute trahison. Le chef métis, issu d’une famille influente de Saint-Boniface, a pourtant connu l’appui d’illustres personnalités dont Monseigneur Alexandre Taché qui dira au cours d’une prédication « que le Canada traitera les gens de ‘ce pays’ avec justice ». Peine perdue.
Vivant, Riel ne connaît pas la clémence de la cour ; mort, il ne connaît pas, du moins pas encore, le pardon posthume.
Porte-étendard de multiples combats, Riel symbolise la résistance des Métis et des Autochtones à l’assimilation canadienne. Il est « le héros des efforts des francophones en vue de préserver leur langue, leur religion et leur culture dans l’Ouest canadien ». « Riel concrétise la résistance énergique à l’impérialisme centralisé d’un Canada dominé par l’Ontario protestant. »
« Aucun personnage de l’histoire du Canada n’a fait l’objet d’autant d’études biographiques que Riel. [ ] Aucune de ces études, pourtant, n’est parvenue à bien cerner le personnage. » Le professeur d’histoire nie avoir produit une énième biographie du populaire politicien. « Je préfère rédiger une étude historique [ ] laquelle met l’accent sur la longue confrontation, surtout juridique, avec le Canada. » La qualité de la recherche et l’écriture élégante de J. M. Bumsted collent bien à cette définition.