Dès que l’on entre dans ce court roman, impossible d’en sortir, on est littéralement piégé, comme son héros. L’écriture sobre et épurée d’Yves Ravey nous fait pénétrer dans le quotidien pétri d’habitudes d’un garçon. Cette vie d’apparence simple, si parfaitement décrite par le jeune narrateur dans ses traits les plus signifiants et singuliers, paraît éternelle comme l’enfance quand on est un gamin. D’ailleurs, le premier dérèglement de cet univers n’en semble d’abord pas un tant il est anecdotique. Il survient le jour où des pseudo-inspecteurs trouvent des capricornes, une sorte d’insectes dévastateurs qui se nourrissent de bois, dans les charpentes de la maison du voisin. Mais bientôt c’est tout un quartier qui en est infesté… Le garçon, qui voulait remettre en place un flacon volé par son père dans le grenier de ses voisins, se voit soudain prisonnier de cette maison, l’espace de quelques heures seulement, mais suffisamment longtemps pour s’apercevoir que ce n’est pas seulement la demeure du couple vieillissant qui menace de s’écrouler. Le lecteur a tout à comprendre dans les non-dits de ce narrateur trop naïf. Une réalité saturée de violence sourde est révélée par cette voix de la fin de l’enfance, encore informe, qui ne possède pas les mots pour dire ce qu’elle voit du monde désillusionné des adultes. Dans ce qu’elle arrive à en dire, pas une seule ligne n’est de trop. Voilà un heureux exemple d’écriture minimaliste qui ne tombe jamais dans le piège d’un hermétisme facile.
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