Diplômée en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada, cuvée 1998, Geneviève Billette fait partie de la nouvelle génération de dramaturges québécois. Son œuvre dramatique, moins connue que celle de Wajdi Mouawad ou d’Évelyne de la Chenelière, est pourtant jouée au Canada, en France et au Mexique. Le pays des genoux, pièce rédigée à l’occasion d’une résidence d’écriture à Limoges au printemps 2001 et produite en France – puis au Québec – à l’hiver 2005, a valu à Geneviève Billette la prime à la création 2001 du Fonds Gratien Gélinas, ainsi que la bourse Louise LaHaye.
Dans cette courte pièce sont mis en scène trois enfants confrontés à l’indifférence et à l’incompréhension des adultes. Timothée et Sammy, neuf ans, ont un rendez-vous secret dans une ruelle, derrière un théâtre. Sachant leur amitié compromise (la maman de l’un s’oppose à cette relation), les deux jeunes garçons ont élaboré un plan de fuite, convaincus de trouver un lieu où les baisers et les caresses ne sont pas comptés. « Il doit y avoir un pays où on peut s’asseoir sur tous les genoux qu’on rencontre [ ]. Un pays où les genoux sont comme les places publiques. Et où l’amour ne s’épuise pas. » Or, au moment où Timothée se trouve dans le théâtre pour soulager sa vessie avant le grand départ, l’édifice s’écroule et le retient prisonnier. Sous les décombres, le garçon rencontre Sarah, une jeune chanteuse de sept ans confrontée à la perte de sa voix. Confinés dans le silence, puis la noirceur, Timothée et Sarah devront s’apprivoiser et s’ouvrir l’un à l’autre pour que l’espoir et le salut deviennent possibles.
Fable sur les peurs et les rêves de l’enfance, Le pays des genoux propose une intrigue ténue, mais traite avec beaucoup de poésie et de sensibilité de valeurs comme l’amitié, le partage et la solidarité. Geneviève Billette livre un texte touchant, dans lequel de petits enfants en quête de tendresse sont amenés à réfléchir à des questions profondes qui, à première vue, semblent bien plus grandes qu’eux. Parsemée de répliques qui troublent lorsqu’elles sont mises dans la bouche de gamins (« Il n’y a qu’avec toi que la vie ne fait pas mal »), Le pays des genoux est une jolie allégorie, dont jeunes et moins jeunes ont des leçons à tirer.