Il arrive à l’occasion qu’une lecture nous émeuve et nous interpelle de façon exceptionnelle. C’est l’effet qu’a produit sur moi Le chêne de Céline Forcier. Je dois avouer ne pas avoir ressenti un tel coup de cœur pour une œuvre littéraire depuis Le bonhomme de Réjeanne Larouche.
À travers le regard de sa fille Annelise, nous est raconté la déchéance physique et mentale qui s’abat progressivement sur Marianne Masson alors qu’elle est atteinte d’un mal ressemblant à la maladie d’Alzheimer. On découvre également la vie de misère de cette femme qui a dû exploiter seule une ferme pendant plusieurs années afin de subvenir aux besoins de ses sept enfants. Après avoir subi tour à tour la violence et les abus de son père, de son mari et de son fils aîné, elle se retrouve dans une résidence pour aînés où l’on profite encore d’elle. En même temps qu’elle met en scène la vie de la famille Masson, l’auteure pose un regard lucide et désabusé sur nos systèmes de santé et d’hébergement. Dans l’ensemble, il se dégage de cette œuvre un sentiment d’impuissance devant la maladie, l’indifférence et la bêtise.
Le chêne est le quatrième roman de Céline Forcier. Elle a déjà publié trois romans jeunesse : Chez Mathilde (Prix du Concours d’auteurs de l’Est ontarien), Le secret de Misha (Prix littéraire Le Droit 2001, catégorie jeunesse) et Rafael. Les prix qu’elle a reçus témoignent du talent remarquable de Céline Forcier. Et Le chêne est sans doute de calibre à lui en valoir un autre…