Ce premier roman de l’Anglaise Monica Ali a fait l’événement avant même sa parution. Son auteure fut même citée comme l’une des écrivains les plus prometteurs de sa génération avant même qu’on en ait lu une seule ligne. Les risques de décevoir étaient donc grands. Eh bien, la rumeur était fondée. Sept mers et treize rivières est une vraie réussite.
À 16 ans, Nazneen vient rejoindre à Londres le mari quadragénaire que lui a trouvé son père. Confinée à une vie matrimoniale sans joie et emmurée dans la grisaille de son minuscule appartement, pour s’aider à vivre Nazneen se nourrit du Coran et des souvenirs de son enfance. Soumise à son destin comme l’exige la tradition musulmane, à peine si elle ose rêver du monde au delà de sa fenêtre. Le temps et la nécessité la mettront peu à peu en contact avec le monde extérieur qu’elle découvre avec les yeux d’un Martien.
Autour d’elle une société d’exilés, emblématique de toutes les humanités coupées de leur racine : un mari risible et touchant dans son désir de s’en sortir, des compagnes d’infortune qui lui rapportent les échos de la communauté, des enfants qui lui sont étrangers et un jeune amant qui sera la première étape vers sa libération. Surtout, il y a Hasina, sa jeune sœur restée au pays et avec qui elle entretient une correspondance.
Rendre intéressant le récit d’une vie d’enfermement et de résignation n’est pas un défi facile à relever même pour un écrivain aguerri. Monica Ali y parvient avec une maestria qui force l’admiration. Par la qualité et la profondeur du regard qu’elle porte sur un univers à première vue assez sordide, Monica Ali élève son récit à un très haut niveau ; ce qui la classe d’emblée parmi les écrivains dont nous n’avons pas fini d’entendre parler.