D’un côté, Mona Latif-Ghattas (Momo), née au Caire, écrivaine, metteure en scène, narratrice et compositrice ; de l’autre, Louise Desjardins (Loulou), née à Rouyn-Noranda, poète, traductrice de poésie, nouvelliste et romancière. Entre les deux, une authentique amitié qui les décide à échanger des courriels : « […] traquons le souvenir comme il jaillit devant l’écran, faisons comme si nous pouvions court-circuiter à la fois l’espace et le temps. Ce sera notre [email protected] ».
L’une raconte son Égypte natale, vibrante, chaude et grouillante. L’autre raconte son Abitibi-Témiscamingue, froide, tranquille et isolée. Deux mondes se parlent et se répondent, racontent des cultures et des rites familiaux distincts. Pourtant, l’évocation des souvenirs montre à quel point l’enfance est partout le temps de l’apprentissage et de l’observation, le temps des gâteaux, des balades, de la famille, grands-parents, parents, oncles et tantes réunis, des petits bobos et des petits bonheurs quotidiens, avec l’oncle Maurice, un beau capitaine de bateau, qui rappelle toujours que « Témiscamingue veut dire ‘eau profonde’ », avec tante Colette qui collectionne les lettres d’Arthémise – « des manuscrits anciens avec des boucles dans les majuscules » -, avec Maman qui dit que Homs, en Syrie, dont est originaire grand-mère Victorine, est « une ville où les gens ont au plus haut point le sens de l’étiquette » ou encore avec tante Rosette dont les fameux biscuits ont l’odeur « du beurre clarifié, de la vanille, des noix, des dattes et de la fleur d’oranger ».
Un dialogue sensible, plein de cocasserie et bourré d’anecdotes qui fleurent bon l’enfance. Une savoureuse récréation, un brin nostalgique, qui émouvra tous les enfants que nous fûmes