Avec un ton fermement dénonciateur, empruntant à la rhétorique propre aux tenants de la conspiration permanente et des rumeurs sur la malversation des milieux secrets, un ex-journaliste du Journal de Montréalet du Journal de Québec, maintenant reporter à Cuba, balance sans retenue des accusations gravissimes contre Robert Ménard, fondateur et président de l’ONG Reporters sans Frontières, basée à Paris. Le livre tombe comme un pavé dans la mare pour le néophyte qui ne connaît du personnage que ses nombreuses interventions en faveur de la liberté d’action des journalistes du monde.
Les faits rapportés présentent Ménard, grosso modo, comme un agent direct de la CIA, engagé à fond dans « une guerre de propagande destinée à briser l’image de la Révolution et à en nier les acquis », et un individu aux fréquentations louches, bizarres, bref fort discutables. Relations impropres, mais qui permettent de mieux comprendre la raison du militantisme acharné de l’organisme contre Cuba. Robert Ménard se ferait ainsi grand pourvoyeur de matériel de presse éminemment hostile au régime de Castro et également allié des ennemis, dont nombre au passé obscur, des bonzes anti-castristes opérant depuis la Floride.
Le bouquin de l’ex-journaliste québécois plaira assurément à nombre d’alter-mondialistes, toujours prompts à conclure à une action maléfique des États-Unis, des milieux anti-castristes et des agences de renseignements qui les soutiennent. Des qualificatifs tel « occulte », des scénarios tels des escroqueries, des assassinats et autres actions malveillantes, y abondent. D’autres, plus prosaïques, jugeront que plusieurs des hypothèses avancées ne sont pas avérées, formellement prouvées, simplement supputées. Quant au principal intéressé, Robert Ménard, de deux choses l’une : soit il hausse les épaules face à de telles « fantaisies », soit il s’embauche illico un bon avocat et un relationniste chevronné.