Yvan Lamonde est avantageusement connu pour ses publications sur la culture de l’imprimé au Québec. Avec Patricia Fleming, de l’Université de Toronto, il codirige actuellement le projet de recherche HBiC/HLIC (History of the Book in Canada/Histoire du livre et de l’imprimé au Canada) que subventionne le CRSH et que soutient aussi de ses fonds l’Université McGill. Il s’associe aujourd’hui à Sophie Montreuil pour publier un volume dont l’objectif central est de « redonner forme à des pratiques anciennes de lecture [et de] retrouver et mesurer les écarts tombés dans l’oubli ». En compagnie de cinq étudiants gradués (2e et 3e cycles), ils examinent diverses sources documentaires comme les journaux intimes, la correspondance, les catalogues de bibliothèques personnelles et de librairies, en gardant à l’esprit les distinctions qui s’imposent entre les différents types de lecture qu’elles infèrent : « réelle », « probable », « possible », « fictive ».
Yvan Lamonde, Frédéric Hardel et Sophie Montreuil se partagent les quatre premiers chapitres, dévolus aux « pratiques individuelles de lecture et [à la] littérature personnelle » de Louis-Joseph Papineau et de ses fils Amédée et Lactance, de même qu’à celles de Joséphine Marchand-Dandurand, fille du politique Félix-Gabriel Marchand et épouse du futur sénateur Raoul Dandurand. Dans la seconde partie, introduite par la « doctorante » Andréa Rotundo, Annie-Claude Prud’homme, Isabelle Monette et Isabelle Ducharme traitent des « pratiques individuelles et collectives de lecture à travers l’étude de catalogues » de bibliothèques d’écrivains, de librairies et de collectivités respectivement (entre autres, ici, ceux de l’œuvre des bons livres, du Cabinet de lecture paroissial et de l’Institut canadien de Montréal).
Il faudrait plus d’espace pour faire état, même sommairement, des nombreuses et pertinentes descriptions, interrogations, analyses et hypothèses touchant « la matérialité du livre et ses contenus » et partant sur « les traces du sujet lisant et des particularités de sa lecture », dans le Québec du XIXe siècle. On aboutit de la sorte à un ouvrage fort documenté qui réunit les premières réflexions d’envergure sur « l’histoire de la lecture […] dernière-née du domaine plus général de l’histoire du livre et de l’édition, tant sur le plan québécois qu’international ». Il faut d’ailleurs noter tout particulièrement l’imposante « Bibliographie internationale de l’histoire de la lecture » de Sophie Montreuil, qui s’étale sur plus de vingt pages. Comme le disent les présentateurs, ce champ d’étude « appelle les chercheurs à dépasser de nouvelles limites ».