Pour présenter Carlos Ruiz Zafón, la quatrième de couverture fait référence au Fantôme de l’opéra et à l’œuvre magistrale et la plus célèbre de l’écrivain culte Mikhaïl Boulgakov, Le maître et Marguerite ; ma foi, force m’est de reconnaître que l’éditeur a raison : Zafón a non seulement une imagination extraordinaire, mais il a aussi le verbe ardent et un style percutant et soutenu : l’étoffe d’un grand écrivain quoi !
Magnifiquement traduit par François Maspero, cet ambitieux roman, qui reprend des thèmes sans âge, présente une galerie de personnages fascinants : Daniel Sempere, adolescent curieux et buté, son père, un homme en deuil tendre et discret, Julián Carax, écrivain mystérieusement disparu au cours de l’été 1936, Fermín Romero de Torres, clochard reconverti en libraire à la prose crue et colorée, le pernicieux agent de police Javier Fumero, bourreau et tueur hors pair et j’en passe !
Barcelone, 1945, un jeune garçon, à peine sorti de l’enfance, découvre un livre au Cimetière des Livres Oubliés. Depuis lors, l’histoire de Daniel se trouve inéluctablement liée à celle de Julián Carax, écrivain dont il s’évertue à retrouver les livres et la trace. Dans cette redoutable entreprise, il défiera bien des périls, dont ceux de la mystérieuse Villa Aldaya où semblent survivre des âmes perdues En quelques lignes, Zafón résume mieux que quiconque les thèmes intemporels de son splendide roman :
« – Eh bien, il s’agit d’une histoire de livres.
– De livres ?
– Des livres maudits, de l’homme qui les a écrits, d’un personnage qui s’est échappé des pages d’un roman pour le brûler, d’une trahison et d’une amitié perdue. Une histoire d’amour, de haine et de rêves qui vivent dans l’ombre du vent ».
« Les manuscrits ne brûlent pas », disait le diable dans Le maître et Marguerite. Dans L’ombre du vent, les livres, eux, se voient réduire en cendres par un mystérieux rôdeur : mais qui est donc l’énigmatique Laín Coubert, cet homme sans visage aux yeux de braise, entre spectre et démon, homonyme d’un personnage du dernier roman de Carax ?
Voilà un classique résolument moderne, que je vous mets au défi de lire lentement !