Voici en quelque sorte une suite aux Chroniques délinquantes de La vie en rose parues en 2002. J’avais pris beaucoup de plaisir à lire ces dernières et si je n’ai pas eu la même impression, restée sans retouches depuis, de ce Journal intime et politique, plus largement autobiographique, les bonheurs de lecture n’y sont pas moins nombreux.
Hélène Pedneault ne cache jamais ce qu’elle est derrière les sujets qu’elle aborde. Ses réflexions d’ailleurs se veulent toujours ancrées dans le réel qui est celui des Québécois, des Québécoises particulièrement, attachés à un Québec de proximité, de manière définitive, absolue, vivante. L’humour, la tendresse, la générosité animent ces textes qui portent sur l’actualité, évoquent des situations personnelles ou des faits de société. Certains ont paru dans divers magazines et journaux (Le Devoir, La Presse, Voir, Possibles, La Gazette des femmes, Elle-Québec, Le guide des ressources, …) ; d’autres sont repris de la radio ou de la télévision (« Présent dimanche », « Et quoi encore ? », « Indicatif présent », …). Quelques textes plus longs, conférences prononcées à des colloques et autres forums, ou contributions importantes à des événements culturels, ont en commun d’être toujours colorés, par l’indignation parfois, et toujours pleins de conviction, révélant ainsi la battante irréductible qu’est Hélène Pedneault.
Dans le chapitre IV, « Des femmes à perte de vue », tout est à lire pour ceux et celles qui veulent encore comprendre comment il se fait que hommes et femmes se rejettent toujours les uns aux autres la responsabilité de leurs différends. Particulièrement instructif et percutant, le texte reprend sans contrainte d’espace, les enrichissant, les « textes-télégrammes » de la présentation de l’Exposition Femmes, corps et âme confiée à Hélène Pedneault par le Musée de la civilisation. Il est aussi un témoignage éloquent de la sensibilité de l’écrivaine à la cause des femmes, du douloureux scandale que provoque chez elle le fait que les femmes de tous les âges et de toutes les conditions sociales continuent d’être l’objet de discriminations sinon de sévices partout dans le monde.
Pour les militantes de la cause, le Journal remet en mémoire bien des actions qu’elles ont menées à bout de bras, et de jambes parfois, pour changer les choses. Hélène Pedneault donne l’exemple de quelqu’un qui, malgré les lenteurs et les échecs, ne démissionne jamais.