Les attentats perpétrés dans les gares madrilènes d’Atocha le 11 septembre dernier viennent malheureusement redire – comme s’il en était besoin – l’importance toute particulière qu’il convient plus que jamais d’accorder au traitement des personnes souffrant de stress post-traumatique. Bien sûr, les facteurs déclencheurs ne sont pas toujours aussi massifs, mais il n’en reste pas moins que le terrorisme guette tout autant la vie publique que nos vies privées. Les différentes formes de viol et d’abus, physique et psychique, la violence sous toutes ses formes constituent des chocs de vie parfois paralysants à long terme.
Clinicienne, chercheuse et spécialiste de l’évaluation de syndromes post-traumatiques, Pascale Brillon offre ici un guide à l’usage des thérapeutes. S’il peut pour des débutants être d’une utilité clinique dans les traitements orthopédiques à court terme, cet ouvrage, sacrifiant à la mode du prêt-à-porter thérapeutique, revient aux explications neurologiques organiciste et mécaniste déjà dénoncées par Sandor Ferenczi au début du XXe siècle.
Car au fond, la question de la prédisposition reste entièrement ouverte : pourquoi un traumatisme minime engage une névrose grave alors qu’un traumatisme grave peut engendrer des séquelles quasi insignifiantes ? Tant que les hypothèses de la psychanalyse sont déniées par les thuriféraires de l’industrie psychiatrique, nous Suvrons dans des ténèbres pires que celles du Moyen Âge. Que les symptômes traumatiques impliquent chez le sujet ayant eu à subir des émotions trop violentes un clivage entre l’affect et le contenu d’une représentation devrait nous indiquer le lien incontournable du trauma au désir et donc, une hypersensibilité du Moi, ce qui se reconnaît dans la dépression majeure dont souffrent de nombreuses victimes de torture, de catastrophes naturelles, de guerres, de génocides, etc. Pascale Brillon ne s’enfarge pas dans ces détails, le « client » étant une victime à rééduquer, son système cognitif à restructurer. Les pulsions ?! Si elles génèrent parfois quelques résistances au traitement, il suffit de les réduire. L’efficacité se démontre ici par les « gold standards » du clinicien et non par le mieux-être de la personne.