Mars a fini par avoir raison des bactéries. Cent ans après les épisodes narrés dans La guerre des mondes, les humains vivent entassés dans des fermes d’élevage. Membre d’une communauté superstitieuse, le jeune George connaîtra les événements susceptibles de l’amener à la croisée des chemins. Renouant avec le passé d’une humanité désormais au seuil de l’animalité, il devra alors choisir entre l’histoire et l’oubli, entre la liberté et la sécurité.
Sécurité, c’est peut-être là le mot clef de La cage de Londres, si du moins on souhaite restreindre sa force de frappe allégorique à celle d’une utopie classique. De fait, le texte de Jean-Pierre Guillet connaît ses meilleurs moments lorsqu’il s’en tient au code d’une science-fiction où l’étrange demeure une question de lieu et de temps. Sans prétendre suivre ces maîtres de l’angoisse identitaire que sont Philip K. Dick ou Stanislas Lem, La cage de Londres se signale tout de même par la réussite de ses permutations de points de vue. On y relève en effet de belles trouvailles, particulièrement en ce qui concerne la confusion des rapports hiérarchiques, sexuels et alimentaires qui prévalent entre les espèces.
Toutefois, étant de ceux qui croient qu’un bon livre l’est par un mystérieux alliage de bruits et de silences, par un équilibre du texte avec ses marges, j’ai trouvé franchement lourde la tendance de l’auteur à tout préciser. Passage quasi obligé de tout apocryphe, La cage de Londres multiplie les clins d’œil. Si les blagues d’initiés sont de mise en pareil cas (ça ne coûte pas cher et même les profanes y trouvent un certain plaisir d’induction) un procédé redondant fatigue un peu. Un exemple ? « L’homme sous la lampe se nomme Herbert, le prefesseur Herbert (contraction des vocables archaïques prêtres et professeur, fonctions aujourd’hui fusionnées) ».