Nous nous demandons si le penseur d’aujourd’hui ne devrait pas chercher un langage commun pour rendre véritablement, réellement, accessible le savoir qu’il porte en lui. Nous ne savons trop comment réagir devant les circonvolutions mystifiantes de Paroxysmes. Pour parler de Paul Celan, de Friedrich Hölderlin, de Lautréamont, nul doute qu’il faille une plume à leur mesure : un langage qui soit en lui-même paroxysmal, c’est-à-dire, fait d’« irruptions violentes », de l’« ébranlement continu du paraître », de l’« expérience de l’instable », où le sujet cherche à devenir l’un, le sens commun, en se dégageant de sa propre subjectivité. D’ailleurs, à qui s’adresse-t-on ici ? Le philosophe et le poète métaphysique reconnaîtront là les tensions d’une certaine pensée post-moderne. Quelques propositions sur la lecture de la poésie les étonneront, les émouvront même. Selon Michaël La Chance, le poème est une expérience, d’abord de celui qui l’écrit, mais aussi de l’autre qui reçoit l’œuvre comme un message qu’il s’est destiné à lui-même. Idéalement, « cette parole raréfiée, qui nous a interpellé, et aussi déstabilisé par sa fragmentation même, devient le matériau d’une expérience personnelle où nous pouvons nous reconnaître comme être humain ». Mais plus souvent, le poète s’élance vers un autre qui manque et le langage, à force de se dire, devient un abîme. Paroxismes, qui comprend les limites mêmes de son discours, comme il en épouse les possibles, se perd parfois dans une opacité qui permet difficilement au lecteur de s’y retrouver. Qu’il faille constamment s’arrêter pour méditer sur le sens d’un néologisme, et d’un autre, jusqu’à l’autoréférence, en découragera certains. Les inconditionnels de Blanchot, de Lévinas, de Deleuze et cie, de même que de Gadamer apprécieront cette balade en haute altitude. Une connaissance minimale de l’herméneutique les disposera à une meilleure ascension.
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