De la littérature réunit des conférences, des articles, des leçons et des préfaces du sémioticien Umberto Eco, datant pour la plupart des années 1990. La variété des sujets abordés étonne et ravit : on y parle principalement d’esthétique littéraire (la forme, le style, la rhétorique, l’intertextualité), mais aussi de l’usage du mode symbolique, d’antiaméricanisme, de l’art d’écrire des romans, d’écrivains marquants (Oscar Wilde, James Joyce, Jorge Luis Borges, l’anthropologue Piero Camporesi). Conférencier habile et expérimenté, Umberto Eco sait stimuler notre esprit par des questions plus personnelles telles son admiration indéfectible pour le roman Sylvie de Gérard de Nerval, sa crainte d’avoir peut-être été trop influencé par l’écriture de Borgès. Son approche ne manque pas d’originalité lorsqu’il soulève le sens de la métaphore exposé dans La poétique d’Aristote, ou encore qu’il apporte des remarques inattendues sur le style littéraire du Manifeste du Parti communiste de Karl Marx.
Certains passages sont éblouissants et se liraient presque comme un roman, bien qu’on exige souvent du lecteur une certaine familiarité avec les théories littéraires et la sémiologie. Dans un dernier chapitre substantiel, le théoricien se penche, non sans quelques réticences, sur sa propre écriture romanesque en appuyant sa réflexion sur ses quatre romans, Le nom de la rose, Le pendule de Foucault, L’île du jour d’avant et Baudolino. Vraiment, ce voyage au pays De la littérature apparaît comme le meilleur livre d’Umberto Eco publié depuis dix ans.