L’œuvre littéraire de Jean Désy – notamment ses récits de voyage, recueils de poésie et de nouvelles – témoigne d’une véritable fascination pour le Nord québécois et le Grand Nord. Dans son dernier récit de voyage toutefois, le médecin et écrivain jette son dévolu sur le Sud, un « Sud inhabituel ». Sa quête de dépaysement et d’aventures le conduit cette fois en Nouvelle-Zélande où l’attendent escalades de volcans et baignades en mer avec les dauphins. Accompagné de sa fille Isabelle de 16 ans, Jean Désy prétend même que ce périple de trois mois à l’étranger constitue pour une large part l’occasion de se rapprocher de sa fille, de tenter de recoudre sa « courtepointe familiale ». « Plus que de volcans, plus que de champ de pierres noires, plus que de ciel immaculé, c’est de parlures avec ma fille que je rêvais. »
Au-delà des motifs invoqués pour justifier son voyage, Jean Désy semble en fait poursuivre une quête de sens. « Je cherche le Sens », écrit-il. « Mais qui suis-je ? Qui sommes-nous, Isabelle et moi ? » Confronté à l’étranger et à l’étrangeté de l’ailleurs, le voyageur cherche à retrouver l’Autre en Soi, une sensation déjà éprouvée au cours de ses pérégrinations précédentes. « Je resterais bien ici plusieurs jours encore. Pour vivre au rythme des Maoris. Pour vivre plus près des Maoris. Pour être ce que j’arrive à être quand je me trouve en pays inuit, c’est-à-dire un autre, découvrant que sous la carapace formée par ma culture, il existe un ‘autre moi’ capable de beaucoup de bonheur, parfaitement à l’aise, même plus à l’aise et plus heureux, à certains points de vue, dans la culture indigène que dans la culture occidentale. »
On le voit, même au sud du Sud, le Grand Nord n’est jamais très loin. Pour découvrir et raconter le monde inconnu des Maoris, Jean Désy évoque constamment son vécu auprès des Inuits et des Indiens cris. Au sujet d’une famille maorie, il écrit : « [L]es ressemblances avec les Indiens cris que j’ai connus dans le Moyen-Nord du Québec m’ont semblé évidentes ». À son arrivée à Wairoa, il note : « [J]’ai la bizarre impression de me trouver dans le monde nordique, quelque part entre Québec et Puvirnituq, au Nunavik, même si j’ai atterri dans une région plus volcanique, mais tout aussi imprégnée de l’esprit aborigène ». Plus loin encore, il s’exclame : « En plein Sud, j’ai retrouvé l’esprit du Grand Nord ». Autant dire que la connaissance procède du connu à l’inconnu et, en ce sens, participe d’une certaine forme de reconnaissance.