L’autobiographie bienvenue de Charles Aznavour témoigne d’une carrière parfaitement réussie. L’homme a côtoyé dès ses débuts les plus grands de la chanson (Maurice Chevalier, Charles Trénet, Édith Piaf) pour devenir à son tour l’un des artistes français les plus complets de son siècle : une voix inoubliable et reconnaissable entre mille, mais aussi un auteur-compositeur à succès et un comédien respecté. À elle seule, sa filmographie ferait l’envie de bien des acteurs ; Charles Aznavour a joué dans une soixantaine de films, sous la direction de Truffaut, de Franju, de Schlöndorff et récemment d’Atom Egoyan.
L’ouvrage débute avec le portrait d’une famille ayant fui le terrible massacre des Arméniens par la Turquie en 1916, passage qui explique le qualificatif d’apatride que se donne toujours le chanteur français. Un passage rappellera les deux années que l’artiste a passées au Québec, qu’il présente comme « sa deuxième patrie », « où il y avait toujours un établissement prêt à [l]’engager ». C’est là dès 1948 que Charles Aznavour et Pierre Roche ont obtenu la reconnaissance du public.
Des chapitres brefs mais nombreux répondent aux questions que l’on doit souvent poser au célèbre chanteur à propos de sa vie privée : ses liens avec Édith Piaf, ses amours, ses chirurgies esthétiques ; mais on y découvre aussi ses goûts littéraires. Ma seule déception aura été de ne pas trouver suffisamment de souvenirs reliés aux aspects techniques de son métier : le travail de composition des chansons, les collaborations occasionnelles avec des paroliers ou des compositeurs comme Georges Garvarentz, les séances d’enregistrement, les arrangements des pièces. Autrement dit, quelle est votre recette magique pour composer tant de chansons immortelles, Monsieur Aznavour ? Le secret demeure entier.